Une spiritualité sans religion?

Par Johane Filiatrault

Ce soir-là, dans le constat de notre fils de 13 ans, il y avait une pointe de tristesse, de déception, d’inquiétude même; c’était autour de la table, lors d’un repas du soir alors qu’il nous faisait part de ce dont il avait été question lors d’un récent cours d’éthique et culture religieuse : ils avaient parlé de la décroissance vertigineuse du taux de pratique catholique. De là à conclure que notre religion allait fort possiblement disparaître, il n’y avait qu’un pas que notre fils franchissait tristement.

La disparition d’une institution sociale séculaire est effectivement douloureuse, voire choquante, et fait nécessairement passer les personnes et les sociétés par toutes les étapes du deuil – encore davantage s’il s’agit d’une institution religieuse puisque le lien à l’au-delà est profondément ancré en l’être humain. Je dirais même que ce lien est inaliénable : on ne peut extirper de l’humain la racine qui le relie à l’Absolu sans sérieusement attaquer en lui le fondement même de son humanité. Les sciences humaines arriveront sous peu – arrivent déjà? – à ce constat obligé : pour être heureux, harmonieux et aimant, un être humain doit NÉCESSAIREMENT être ouvert à la TRANSCENDANCE. Cette ouverture au Tout Autre s’opère au plus secret de lui-même, dans l’intime de son âme, là où aucune religion n’a accès. Elle advient souvent grâce au témoignage d’autres croyants dont l’ouverture de l’âme rejoint sa propre aspiration à connaître l’Invisible; elle s’opère par une action forte de l’Invisible lui-même.

Pour ce qui est des religions, il s’agit, somme toute, d’un ensemble d’actes, de balises et de pensées suggérées dans lesquelles l’âme n’est pas nécessairement impliquée. Pratiquer un culte collectif et organisé n’est pas un absolu pour l’être humain. Il peut très bien vivre heureux sans institution religieuse, sans religion catholique, musulmane, évangélique ou autre. Parions même qu’il peut vivre plus heureux, plus libre et plus responsable SANS RELIGION OFFICIELLE. J’en ai personnellement la certitude.

Comment en effet être vraiment et totalement SACERDOTAL, PROPHÉTIQUE ET SOUVERAIN si je remets ma capacité de jugement à quelqu’un d’autre, si je m’abstiens d’explorer moi-même les profondeurs de Dieu en adoptant un « système de piété » pensé par d’autres ou si je court-circuite mon engagement à effectivement construire un monde plus juste en me reposant sur le fait que « j’ai dit oui et je suis désormais sauvé »? Ou alors, serions-nous destiné à vivre médiocrement, dans un conformisme aliénant, en suivant jusqu’à notre mort les voies toutes tracées que d’autres nous ont garanties sécuritaires, qu’elles soient capitalistes, religieuses ou autre? Le Créateur de la liberté nous voudrait-il ainsi, harnaché et obéissant à des consignes séculaires inaltérables et garanties? N’y a-t-il pas place dans son divin plan pour l’exploration, pour l’essai-erreur ou pour le cheminement spirituel inédit et original, unique à chaque individu et sacré au point que nul ne puisse s’y immiscer entre le Tout-Aimant et son aimé(e) – ni gourou, ni vendeur de trucs, ni pape, ni orienteur de conscience. Tout autre que le Tout-Autre est ici de trop – un écran, un obstacle, un usurpateur – hormis Celui à qui Tout a été remis, Lumière incandescente, guide doux et humble et parfait. Il ne reste que ma liberté, Dieu, mon prochain et moi ; et ce que je choisirai de faire de ma vie, les traces que je laisserai derrière moi après ma mort, après mon départ vers… le couronnement. (Ce qui n’enlève rien à l’utilité d’être accompagné dans sa montée spirituelle de « sherpas » humbles et aimants.)

 Personnellement, je ne crois pas que l’institution catholique romaine risque de disparaître complètement : elle deviendra peut-être plutôt (elle est déjà devenue?) un bastion archaïque visant la sauvegarde d’un patrimoine du passé, comme le sont les amish ou les juifs hassidiques, par exemple, quelque chose qui rejoint très peu la masse et qui, tristement, voile l’éternelle jeunesse de l’Au-delà; quelque chose qui transmet d’une génération à l’autre les limites moralisatrices stérilisantes des systèmes érigés par les patriarcats fermés sur eux-mêmes de tous les temps.

Vivre sans religion, oui, possible! Mais vivre tel un être humain atrophié, en étouffant son âme dans la non-conscience de son existence éternelle, jamais, de grâce!

Réflexion théologique sur les enfers

Par Johane Filiatrault, le 27 février 2009

« Les portes des enfers se sont ouvertes pour laisser échapper leurs captifs. »*1

« Il est descendu aux enfers » : cet article du crédo a de quoi faire remonter en nous toute une panoplie d’images religieuses fort intéressantes et vaut la peine qu’on s’y arrête un peu.  Rappelons nous bien que le symbole des apôtres, comme le précise le théologien contemporain J. Bernadi, a été écrit au Moyen-Âge par l’Église latine pour des fidèles peu cultivés et pas du tout enclins aux grands débats théologiques qui avaient eu cours au 4e siècle dans l’Église d’Orient autour de la mise en forme du symbole de Nicée-Constantinople, crédo qui, lui, ne contient pas cette notion de descente aux enfers.  Pour rejoindre leur peuple, les rédacteurs du symbole des Apôtres se devaient d’être brefs et très imagés : la plupart des gens ne savaient lire que les fresques des églises! *2    Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’image de la descente aux enfers est effectivement très parlante, pour les gens du Moyen-Âge comme pour nous, et qu’elle mérite qu’on y prête bien attention.

Réfléchissons d’abord au terme « enfers ». Comme l’explique le Vocabulaire de théologie biblique, les enfers (en hébreu, shéol*3), dans l’A.T., sont le séjour des morts et n’ont pas encore un caractère absolu, mais Jésus réutilise le mot (en grec cette fois, soit « hadès »*3 qu’on a traduit par « enfer » au singulier) pour désigner cette fois le « lieu » de la perdition éternelle.  Le peuple d’Israël, comme beaucoup de peuples autour, se représentait le rendez-vous final des vivants comme un lieu désolé et sans joie, le lieu des ombres « où la clarté même ressemble à la nuit sombre ». (Jb 10,21s) *4   Mais, en se rapprochant des temps du Christ, on voit le sens de ce mot évoluer dans les Écritures. Dans Dn 2,12, l’enfer est dit « l’horreur éternelle ». « L’un des axes de la pensée religieuse israélite est de découvrir que le désordre du monde est le fruit du péché.

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*1    Jean-Marie Fenasse et Jacques Guillet, Vocabulaire de théologie biblique – Enfers et  enfer, France, Cerf, 1981, p. 352

*2      J. Bernadi, Les deux symboles de la foi catholique dans Communio, Paris, Vol. 20, no 5, pp. 87-100, 1995

*3      Société biblique française,  Concordance de la bible TOB, Paris, Cerf, 1993, p. 322 et 612

*4    Jean-Marie Fenasse et Jacques Guillet, Vocabulaire de théologie biblique – Enfers et enfer, France, Cerf, 1981, p. 353

À mesure que s’affirme cette conscience, les traits de l’enfer prennent une figure de plus en plus sinistre. »*5

C’est ainsi que Jésus ré interprète à son tour le mot et met davantage le focus sur la séparation d’avec Dieu et la perdition de la vie que sont l’enfer plutôt que sur une description quelconque des « lieux ».  Dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (Lc, 23-26) (qui est un des deux seuls endroits des Évangiles où Jésus cite le mot « Hadès »), Jésus parle des tortures et des tourments de l’Hadès, ainsi que du « grand abîme fixé » entre le tourment et la consolation afin qu’on ne puisse pas traverser d’un « lieu » vers l’autre. Mais, au-delà des images, l’enfer est plutôt un état d’esprit – regret, désespoir ou amertume – et non un lieu de tortures physiques (puisque la mort nous libère de notre corps physique et de ses douleurs).

Dans ses enseignements,  Jésus laisse entendre qu’il existe, aux enfers, plusieurs états d’âmes distincts.  Il utilise la formule «où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Mc 9, 48) pour signifier le caractère éternel de l’un des enfers, celui de la séparation définitive et libre entre Dieu et l’être humain, là où l’être spirituel est anéanti à jamais.  Pour utiliser une image moderne, comparons-le à une sorte de déchiqueteuse pour êtres qui, déjà de leur vivant, étaient en quelque sorte morts intérieurement, parce que non aimants.  C’est aussi le « lieu » « préparé pour le diable et pour ses anges » (Mt 25, 41).  « Ceux qui ne connaissent pas Dieu » (connaître est ici utilisé dans le sens d’un lien de proximité avec Dieu)  et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus, ceux-là seront châtiés d’une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » (2 Th 1,8s)

Mais dans la parabole du mauvais riche dont il cite la prière : « Je te prie donc, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père pour qu’il porte témoignage à mes frères, de peur qu’ils ne viennent eux aussi dans ce lieu de la torture» (Luc 16,17-18), on a du mal à identifier la prière du mauvais riche à la prière d’un damné, désespéré et ennemi de Dieu, n’ayant aucun regret ni aucun amour pour Dieu ou pour les hommes, puisque son souci de porter témoignage à ses frères est, selon moi, un signe de repentance et d’amour.  D’où la notion de « purgatoire », séjour temporaire des trépassés en transit préparatoire pour leur entrée dans la gloire de Dieu, où ils expérimentent à divers degrés des états

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*5      Jean-Marie Fenasse et Jacques Guillet, Vocabulaire de théologie biblique – Enfers et enfer, France, Cerf, 1981, p. 353

d’âme allant des plus cruels regrets face à leurs erreurs passées à la plus vive repentance et à l’espérance d’entrer dans la joie de Dieu, en passant par la conscience de plus en plus claire de la toute miséricorde du Père.  Lorsque le crédo parle de la descente aux enfers, donc, il évoque l’ensemble de tous ces « lieux » spirituels vers lesquels les trépassés se dirigent.

Maintenant, en tenant compte du sens que nous venons de donner au mot « enfers », que voulait dire, à l’origine, l’expression « il est descendu aux enfers », utilisée dans le crédo?  Nous avons un premier élément de réponse dans le N.T. : «Il s’en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire ». (1P 3,19s)   L’auteur de cet épître confirme ici qu’assez tôt dans la vie de l’Église, on a cru que le Christ mort est allé au séjour des morts pour leur annoncer la bonne nouvelle du salut et de la miséricorde de Dieu qu’Il manifestait en sa propre personne.  Mais on ajoute aussitôt chez les premiers chrétiens : « Dieu l’a délivré des affres de l’Hadès » (Ac 2,24) et  « Le Christ n’a pas été abandonné à l’Hadès, Lui dont la chair n’a pas vu la corruption » (Ac 2,31), pour bien signifier que la mort était incapable de retenir en son pouvoir l’Auteur de la vie.  C’est donc librement que le Christ est descendu aux enfers pour y exercer sa mission de sauveur.

D’autres interprétations ou nuances sont possibles.  On peut mettre le focus sur l’aspect non chronologique du salut apporté par le Christ, comme le fait Gaston Salet dans son ouvrage « Le Crédo », quand il affirme que le Christ transcende le temps et l’histoire, et que ceux qui sont morts avant Lui ou qui n’ont pas eu le bonheur de le connaître bénéficient tout autant de son acte de salut que ceux qui l’ont connu. La descente du Christ aux enfers est le point de connexion entre les générations de l’ancienne Alliance et celles de la Nouvelle Alliance.*6   Il va à la rencontre des morts de tous les temps pour leur offrir de les entraîner avec Lui dans sa montée vers le Père.  Gaston Salet cite là-dessus les Pères de l’Église : «L’Église a commencé à Adam» ; «Les êtres humains qui ont vécu avant le Christ étaient loin de lui par la chronologie et le calendrier, mais ils n’étaient pas loin de son mystère rédempteur » *6

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*6     Gaston Salet, Le crédo, France, P. Lethielleux, 1964, p. 129

On peut aussi opérer une transition de sens en entendant la descente aux enfers comme simplement « l’entrée dans la mort », rejoignant ainsi davantage la façon moderne démythifiée d’envisager les choses. « Il est impossible d’entrer au ciel sans la Croix et la Résurrection, c’est à dire indépendamment de l’unique Sauveur nécessaire »*7 : on remarque ici un léger déplacement de sens, c’est à dire qu’il ne s’agit pas tant pour le Christ d’aller porter le salut aux trépassés puisque le seul fait de mourir et de ressusciter lui suffit pour ouvrir une voie de salut aux morts.  C’est sa mort-résurrection qui permet à l’humanité de franchir le « grand abîme fixé entre nous et vous, afin que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous » cité par Jésus dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare (Luc 16, 26). Il suffit à Jésus d’être mort, réellement mort, et donc réellement entré dans la mort, pour tracer une voie vers la Vie, la voie de la miséricorde.

« Sur la Croix du Calvaire, le corps et l’âme de Jésus ont été réellement séparés ; son corps a été mis au tombeau ; et, avant la résurrection, l’âme de Jésus s’est soumise à la condition commune des âmes humaines séparées de leurs corps et exilées de la vie terrestre par la brutalité de la mort. »*8

Le mouvement de descente du Christ dans la mort et de remontée vers le Père par la résurrection entraîne avec Lui tous les êtres et nous rejoint dans notre réalité humaine la plus universelle : la mort, celle, définitive, qui nous séparera de notre corps et celles, nombreuses, que nous aurons à traverser au cours de notre vie.  Ces morts à traverser prennent sens dans le fait qu’elles ont été entièrement assumées et par le fait même « déifiée » par le Christ, c’est à dire remplies de sa lumière divine et élevées en un possible lieu de rencontre avec le Père.  Le père Urs Von Balthasar voit, quant à lui, la mort comme une occasion de transformation intérieure initiée par la propre descente du Christ dans la mort :

« À partir du vendredi saint, la mort devient purification.  Ce jour-là, le Seigneur mort ouvrit un chemin pour sortir de l’éternelle perdition et aller vers le ciel : le feu qui purifie les morts pour les ouvrir à l’amour…  « Descendant dans ce lieu « le Shéol », le Christ a ouvert l’accès au Père. »*9

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*7     Gaston Salet, Le crédo, France, P. Lethielleux, 1964, p. 130

*8     Gaston Salet, Le crédo, France, P. Lethielleux, 1964, p. 128

*9      Hans Urs Von Balthasar, Méditations sur le symbole des Apôtres, Nouvelle Cité, 1988, p. 70

Le magistère, dans son Catéchisme de l’Église catholique, interprète de même la descente aux enfers quand elle affirme que « dans sa Pâque c’est du fond de la mort qu’Il a fait jaillir la vie »*10  L’Église cite, dans le même enseignement, une ancienne homélie qui dit qu’un « grand silence règne aujourd’hui sur la terre »…  « parce que le Roi dort »*11, rejoignant ainsi une autre interprétation moderne de la descente aux enfers, celle du silence de Dieu, de son absence en quelque sorte, ou plutôt ce que nous percevons comme son absence.  René Marlé a une belle réflexion là-dessus : en descendant dans la mort pour apporter à ceux qui étaient prisonniers dans ses filets morbides la semence de Vie, le Christ a ouvert un espace dans ce qui nous semble être l’absence de Dieu.  « Dieu ne cesse de se rendre présent, amoureusement présent, à ce que nous ressentons comme son absence ».*12   Voilà une réflexion capable de nourrir les passages à vide de nos vies, capable même de transfigurer nos multiples nuits.  La mort n’est plus victorieuse quand le Christ vient l’habiter ; elle devient Vie quand Il descend au fond de notre enfer pour nous relever.  N’est-il pas tout à fait naturel pour le Sauveur de descendre ainsi dans les recoins les plus obscurs de nos personnes?  N’est-ce pas là sa raison d’être même? Il est le salut personnifié, Yéhoshua, Yahvé sauve.  Il est Sauveur par essence, et par le fait même, il est le lieu de la rencontre avec le Père.  « Qui me voit, voit le Père », a-t-il dit. En sa personne, nous touchons Dieu, nous communions à Dieu; ce qui a fait dire à Gaston Salet : « Il n’y a pas de ciel sans le Christ et, là où est le Christ, là aussi est le ciel ».* 13

C’est en Sa personne que nous goûtons la béatitude éternelle et sa seule présence aux enfers y a fait descendre le Ciel. Concluons en citant le Vocabulaire de théologie biblique : « Il fallait cette sinistre descente pour qu’il pût « remplir toutes choses » et régner en Seigneur sur l’univers (Ep 4,9s). »*14

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*10    Catéchisme de l’Église catholique, Cité du Vatican, Libreria éditrice Vaticana, 1993, p. 139

*11    Catéchisme de l’Église catholique, Cité du Vatican, Libreria éditrice Vaticana, 1993,   p. 140

*12     René Marlé, Le Sarment, Fayard, 1984, p. 35

*13      Gaston Salet, Le crédo, France, P. Lethielleux, 1964, p. 129

*14       Jean-Marie Fenasse et Jacques Guillet, Vocabulaire de théologie biblique – Enfers et  enfer, France,

            Cerf, 1981, p. 355

 

Réflexion critique

            L’aspect de l’exercice qui a été pour moi le plus éclairant est la lecture de l’article de M. Bernadi dans la revue Communio.  J’y ai découvert l’histoire des deux différentes professions de foi catholiques et, plus précisément, les nombreux débats entourant la fixation de l’article concernant le Christ « consubstantiel au Père » que certains évêques (considérés hérétiques) voulaient voir traduit par « semblable au Père » parce que ne croyant pas en la divinité du Christ; débats qui se sont poursuivis sur pratiquement un siècle et qui ont nécessité les trois conciles de Nicée et de Constantinople pour les résoudre.  M. Bernadi remarquait d’ailleurs que l’on traduit maintenant trop souvent « consubstantiel au Père » par « de même nature que le Père », traduction où il voit une transaction de sens pernicieuse, affirmant que l’on ne peut pas parler de nature en Dieu, puisque, quand on parle de la nature d’un être, on suppose que plusieurs êtres possèdent également cette même nature.  Il s’agit en effet d’un terme générique.  Dans le cas de Dieu, unique par essence, on ne saurait parler de nature.  Bernadi démontre son idée en utilisant l’équation suivante désignant le Père et le Fils : 1+1=1, expliquant que le terme consubstantiel exprime cette équation, ce que ne peut absolument pas faire « de même nature ».  Il poursuit en racontant l’apparition du symbole des Apôtres, beaucoup plus tard, en Occident, et comment l’Église d’Orient n’a jamais accepté cette version, entre autres à cause du fait que l’Esprit Saint y était, selon eux, relégué à un second plan parce que placé au 2e paragraphe avec des articles de foi secondaires tel que « je crois en la sainte Église… » alors qu’Il aurait dû, selon les Orientaux, être placé auprès du Père et du Fils dans le Crédo pour bien signifier son inclusion trinitaire.*

            Ce qui, pour le profane, peut sembler de vaines querelles de mots, revêt toute son importance quand on s’arrête aux débats qui sous-tendent la difficulté à traduire en mots des réalités intemporelles : le Christ et l’Esprit sont-ils Dieu ou ne le sont-ils pas?  Dans le cas qui nous intéresse, soit le travail d’interprétation en théologie, les défis sont tout aussi sérieux et délicats : comment traduire en mots d’aujourd’hui, avec notre compréhension moderne éclairée par les sciences nouvelles que sont la psychologie, la

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*     J. Bernadi, Les deux symboles de la foi catholique dans Communio, Paris, Vol. 20, no 5, pp. 87-100, 1995

sociologie, les sciences religieuses, etc., la réalité à la fois intemporelle et incarnée constituée par la personne du Christ?  Comment ne pas défigurer en voulant ré interpréter et cerner davantage?  Comment ne pas tomber dans le piège des anciennes hérésies qui refont sans cesse surface sous d’autres formes?  Comment tenir ensemble foi et raison sans perdre l’un ou l’autre en route?  Comment laisser au Christ le droit d’être Dieu, et donc Tout-Autre, et en partie insaisissable… disons plutôt : saisissable dans la seule mesure où Il veut bien se révéler à nous?

            J’avais, la semaine dernière, une conversation avec mon beau-frère – en cheminement spirituel catholique depuis un certain temps – au sujet de la nécessité d’une bonne connaissance théologique de base pour favoriser la croissance spirituelle.  Son avis était qu’il lui était inutile de savoir si le Christ ou l’Esprit sont Dieu ou non, et que ces questions en fait ne lui effleuraient même pas l’esprit.  Pour lui, tout se résume en l’imitation du Christ et en l’amour du prochain.  J’avoue que, tout en pressentant profondément qu’il faisait erreur, je n’ai pas su quoi lui répondre.  Mais ça m’a amené à réfléchir à la question et à conclure qu’on ne peut qu’aimer davantage ce que l’on connaît davantage, surtout quand l’objet de la connaissance est Dieu lui-même, infiniment aimable et désirable à connaître!  Et puisque l’amour de Dieu est le premier des deux uniques commandements du Christ, il ne peut que nous être grandement profitable de le toujours mieux connaître, pour pouvoir l’aimer de mieux en mieux, et pour ainsi pouvoir trouver la béatitude promise à ceux qui aiment Dieu et leur prochain.  D’où l’importance des travaux théologiques et christologiques, recherches éclairées par les découvertes des autres sciences et éclairant à leur tour les autres sciences; points de vue sans cesse en évolution sur un sujet immuable qui traverse les temps.  Connaître davantage le Christ nous amène à connaître davantage l’humain que nous sommes.  Et connaître davantage l’humain et son environnement nous amène à mieux connaître et apprécier l’incommensurable déité aimante du Christ.

            L’écriture de ce travail a été pour moi, en quelque sorte une occasion d’entrer et de circuler dans le cercle herméneutique de Heidegger.  J’ai, par le fait même, mieux saisi que notre compréhension du mystère du Christ varie selon le point de vue d’où l’on se place pour le contempler, et que, de fait, chaque être humain de chaque époque a un point de vue différent sur Lui.  Notre vision individuelle partielle ne peut donc que gagner à s’ouvrir à la vision christique des autres – d’hier et d’aujourd’hui, qu’ils soient catholiques, protestants, orthodoxes, ou de toutes autres confessions ou religions, ou qu’ils soient savants, voyants, mystiques ou simplement inspirés – puisque la révélation du Christ est l’aspiration fondamentale de tout être et la seule source d’unité possible pour le genre humain.

Résurrection: une preuve!

Par Johane Filiatrault – Le 16 avril 2003

Vous savez peut-être qu’en 1988 des tests au carbone 14 effectués sur le suaire de Turin par la NASA en ont situé l’origine au Moyen Age.  Mais de nouvelles expérimentations ont été faites en 1992 et leur conclusion est tout à fait étonnante : cette longue bande de tissu aurait-elle vraiment enveloppée le corps du Christ au tombeau?

Rappelons d’abord ce que l’analyse du linceul démontre :

  • Cette pièce de lin a été tissée selon une méthode propre aux régions proches de Jérusalem utilisée à l’époque où vivait Jésus
  • On y a trouvé des traces d’une espèce de coton spécifique à la Palestine, ainsi que 29 espèces de pollen qui ne se trouvent que dans la région du Jourdain
  • L’image qu’on peut y voir – celle d’un homme supplicié vu de face et de dos grandeur nature – est imprimée en négatif sur le tissu… C’est en mai 1898 que le négatif de la première photo du suaire en a révélé le positif
  • Il n’y a aucune trace d’aucun pigment connu sur l’image.  Ce n’est pas non plus du sang qui forme cette image, bien qu’il y en ait des taches aux endroits des blessures.  En fait, l’image est formée d’une sorte de brûlure du tissu qui est roussi en différentes teintes sur une très mince profondeur (45 microns).

C’est un docteur ès sciences, le Père Rinaudo qui, en 1992, a fait d’autres découvertes stupéfiantes en partant de l’hypothèse que le roussissement du linceul avait pu être produit par un bombardement de protons (scission d’un noyau de deutérium libérant un proton et un neutron – le deutérium est une composante chimique de l’hydrogène, elle-même composante de l’eau dont notre corps est fait en grande partie).  Le scientifique s’est servi d’un accélérateur de particules pour procéder à des tests… qui ont très exactement confirmé sa théorie : des taches de roussi dans les mêmes teintes que celles du suaire se sont formées sur le morceau de lin utilisé pour son expérience, irradiant le tissu sur 45 microns très précisément!

Il restait à examiner ce qui advenait des neutrons libérés lors de ce procédé : en fait, ils ont la particularité d’enrichir le lin en carbone 14!  Voilà ce qui faussait les tests de 1988.  Puisqu’il y avait davantage de carbone 14 au départ sur le linceul parce qu’il venait d’être soumis à un bombardement de neutrons, il est normal qu’il ait été jugé plus jeune qu’il n’est en réalité lors de la datation de 1988.  Après des expériences faites à l’université de Toronto sur une momie égyptienne soumise en laboratoire à un semblable bombardement, on a pu calculer très précisément quelle dose de neutrons pourrait avoir provoqué une erreur de 13 siècles dans la datation du suaire.  Résultat :  la quantité de protons nécessaire pour un roussissement sur 45 microns d’épaisseur correspond exactement à la quantité de neutrons qui justifierait une erreur de datation de 13 siècles!

Puisque le suaire a bel et bien enveloppé le corps d’un supplicié sous le règne de l’empereur Tibère, quelle énergie a bien pu casser les noyaux de deutérium, et les casser selon un ordre mathématique capable de créer une image 3D sur un tissu?  Quelle énergie, sinon celle de Sa résurrection!  Notons que l’homme du suaire est un crucifié dont les plaies sont toutes très visiblement imprimées sur le tissu, qu’il a subi au-delà de 40 coups de fouet, que sa tête est marquée de blessures causées par des petits objets en forme de pointe, et que son côté est transpercé au niveau du cœur.

Et voilà faite la stupéfiante preuve scientifique d’un phénomène unique dans l’histoire…

Pour plus d’informations : www.ouvriersdepaix.org/convictions

Le langage du Corps

Par Johane Filiatrault – Le 18 juin 2003

Depuis douze siècles, il existe à Lanciano (petite ville d’Italie) un fait extraordinaire, merveilleux à vous couper le souffle.  Et si le monde arrêtait seulement quelques instants sa course pour admirer l’inconcevable trésor qui s’y cache, l’humanité changerait de visage.

C’était au VIIIe siècle.  Un prêtre célébrait la messe comme à l’accoutumée quand il fut saisi de doute, après le moment de la consécration : Dieu était-il réellement présent dans ce morceau de pain sec et dans cette coupe de vin, comme l’affirme l’Église? Mais quelle ne fut pas sa stupeur – et celle de tous les paroissiens avec lui – quand il constata que, sur la patène, l’hostie s’était transformée en un morceau de chair et que, dans le calice, se trouvaient désormais cinq caillots de sang de grosseur inégale!

Supercherie de curé de village pour mousser la foi de ses fidèles?  On aurait pu le croire jusqu’en 1970, où des études scientifiques très poussées ont été faites sur ces reliques conservées à l’air libre, sans formol ni aucun produit de conservation depuis des siècles, mais ne présentant aucun signe de putréfaction ou d’altération.  (L’histoire de ces reliques est bien documentée : un bref papal en 1176, un autre en 1254, une première expertise en 1574, d’autres en 1637, 1770 et 1886.)  Les analyses de 1970 ont été faites par un groupe d’experts dirigé par Odoardo Linoli, professeur d’anatomie humaine, d’histologie pathologique, de chimie et de microscopie clinique.  Les conclusions de leur recherche sont stupéfiantes et ont été publiées dans plusieurs revues scientifiques du monde entier :

–        Il s’agit là de chair humaine; le sang est de groupe AB (même groupe que le sang prélevé sur le saint suaire de Turin)

–        La chair est constituée de tissu musculaire cardiaque ; la manière dont cette fine tranche a été obtenue par dissection dans le myocarde suppose une habileté extraordinaire de la part du «praticien»

–        Le diagramme sanguin est le même que si ce sang venait d’être prélevé le jour même : du sang frais après 12 siècles!

Autre fait inexplicable : si on pèse individuellement n’importe lequel des cinq caillots, son poids est le même que si on place ensemble les 5 caillots sur le plateau de la balance : chacun des morceaux pèse le poids du tout…  Un défi à l’intelligence humaine!  Doit-on y voir une matérialisation de ce qu’enseigne l’Église : le Christ est présent dans la plus petite parcelle comme dans le tout?…  Ou plus simplement, une sublime manifestation d’Amour?

L’Eucharistie…  Quand on pense que le grand Dieu et Créateur a inventé un moyen à la fois si simple et étonnant pour nous manifester à quel point il désire passionnément se donner à nous et s’unir à notre humanité pour nous introduire en sa déité, je suis émerveillée.  Inouïe déjà l’idée de prendre chair humaine en s’incarnant dans le sein d’une femme… Il pousse sa passion jusqu’à prendre la forme d’un morceau de pain et d’une coupe de vin de noces afin de pouvoir pénétrer jusqu’à l’intime de sa créature, la recréer et la transfigurer par ce moyen tout simple, assez simple pour qu’un petit enfant puisse saisir.  Ce morceau de pain-là est le remède à tous les maux du monde.  Il n’y a pas d’heures plus douces ici-bas que celles passées à contempler ce remède, cette admirable nourriture de l’âme.  L’Amour tout entier y est caché, la Paix s’y donne.  Et c’est gratuit!

Plusieurs Églises ne reconnaissent pas la présence réelle dans l’Hostie.  Elles considèrent la Parole de Dieu comme Sa révélation et Son don ultime… Plusieurs catholiques (même des prêtres et des évêques) prennent actuellement cette tendance.  En amour, qu’est-ce qui prime?  Se parler d’abord, bien s’écouter pour se révéler l’un à l’autre et se découvrir mutuellement (la Parole).  Mais quelle est l’étape ultime de l’amour, quel en est l’accomplissement, qu’est-ce qui le rend fécond et qui donne la vie?  L’union des corps, bien sûr!

Dieu est l’Époux : Il le dit dans l’Ancien Testament, et le Christ lui-même s’est ainsi présenté.  Le don de Son Corps pour nourrir et transfigurer notre corps comme notre âme est la suprême expression de son amoureuse passion.

Pour plus d’information : www.regione.abruzzo.it/giubileo/fr/itinerari/lanciano/

 

L’À Venir

Par Johane Filiatrault – Le 28 mai 2003

Nous sommes à un tournant de l’histoire humaine.  Les grandes découvertes scientifiques récentes ont placé entre les mains de l’humanité une donne gagnante et c’est à son tour de jouer.  L’homme et la femme moderne ont atteint un degré de conscience mature, adulte, lui permettant de choisir librement sa destinée.  La biologie, la psychologie, l’écologie, ainsi que les grandes leçons politiques qu’ont peut tirer de l’histoire des civilisations : tout contribue à convaincre l’être humain qu’il peut devenir l’acteur de son bonheur ou de son malheur.  Tout être humain naît libre…

Nous sommes issus d’une génération maladivement compétitive et individualiste.  Heureusement, la génération montante a appris jeune, à l’école, la coopération et le travail d’équipe : voilà qui promet!  Ensemble, ils pourront faire un monde meilleur où primeront la justice, la transparence et la paix.  Rêve et utopie?  Sûrement pas.  Parce que l’humanité vivra bientôt des évènements grandioses, quelque chose que l’humanité n’a encore jamais vu.  Déjà, nous traversons des temps tels qu’il n’y en a jamais eu depuis le début de l’histoire humaine et tels qu’il n’y en aura jamais plus (Mt 24,21), des années de grandes épreuves à l’échelle planétaire, des temps d’opaques ténèbres ou la Mort semble vaincre, partout.  «Les vivants envieront les morts en ces jours-là».  Ils les envient actuellement au point de se donner eux-mêmes la mort, au point de ne pas faire naître parce qu’on préfère voir son enfant mort plutôt que de l’emmener à une vie de souffrance.  Combien de fois on entend dire à propos d’un mort : «Il est bien, il ne souffre plus».

Oui la vie n’a jamais été aussi dure et la mort aussi douce et désirable qu’en nos temps.  Comme jamais auparavant, l’être humain – à cause des télécommunications – est conscient de tout le mal et de toutes les abominations qui sont subies ou commises sur la planète : un poids énorme à porter, une douleur cuisante pour tout homme ou femme de bonne volonté.  Il règne, le Prince de ce monde, et écrase avec volupté tout ce qui s’appelle bonté ou amour.  Mais il sait que son règne sera court, il le sait depuis l’origine.  Il est bien averti qu’il a déjà perdu le combat et c’est ce qui décuple son énergie de violente destruction et ses tentatives pour faire chuter l’être humain dans le découragement, dans l’avilissement sexuel bestial, dans la peur et dans l’exploitation égoïste des autres et de l’environnement.  Il nous est dit de nous réjouir quand nous verrons ces choses-là car elles sont le signe de la fin prochaine de ce temps où règne le Tentateur.

Alors, je me réjouis!  J’attends l’heure où chacun verra en son âme la lumineuse vérité qu’est l’Amour de Dieu, car chacun la verra… Et verra du même coup l’état de sa propre âme.  Oui, cette heure viendra bientôt, qu’on la désire ou non.  C’est sûr, aussi sûr que le lever du soleil au matin.  Plusieurs voix l’ont annoncé dans les anciennes écritures.  Le Christ l’a confirmé lui-même.  Et plus près de nous, plusieurs prophètes modernes l’ont annoncé (certains mêmes ont reçu la révélation qu’ils verraient cette heure de leur vivant).  Des voyants, des inspirés, des gens ordinaires qui, pour certains, ne se préoccupaient ni de dieu, ni de diable avant de recevoir la visite d’un messager céleste qui les a envoyés avertir l’humanité qu’elle allait vivre une sorte de jugement divin en petit (petit dans le sens d’individuel), une purification universelle des âmes.

Si un enfant crie «Au loup!» on peut supposer qu’il fabule, mais si tous en même temps crient «Au loup!» vaudrait peut-être mieux prêter l’oreille!  Le Christ est sur le chemin de son Retour : c’est ce que révèlent les apparitions de la Vierge à La Salette, à Medjugorje, à Soufanieh, et les révélations du Christ à Mme Vassula Ryden.  Quatre fillettes également ont été chargées par la Vierge d’un message pour le monde; elles ne connaissaient rien aux saintes écritures, vivaient dans un hameau d’Espagne – Garabandal – et ont été instruites de ces choses par de nombreuses visites de l’Archange Saint Michel et de la Très Sainte Vierge qui se sont montrés à elles entre 1961 et 1965.  Les faits surnaturels qui se sont déroulés dans ce village sont d’une beauté et d’une limpidité inouïes.  Inouïe également la colère du Malin contre ce lieu, qui a tout mis en œuvre pour discréditer le grand message que le Ciel y a livré.  Résultat : toutes les Églises y sont restées sourdes en niant l’authenticité des dires des enfants.  Triste.  Mais l’heure de Dieu est proche et toute la création se réjouira bientôt.  Et l’être humain aura dès lors en main tous les outils, naturels et surnaturels, pour faire de cette terre un jardin, un Eden.  Pour plus de détails, voir  www.ouvriersdepaix.org et www.tlig.org/fr.html