S’aimer corps et âme

Par Johane Filiatrault – Le 18 juin 2003

Nous connaissons tous au moins une personne qui nous tape sur les nerfs de temps à autre… ou vraiment trop souvent.  Bien sûr, c’est de sa faute parce qu’elle est trop ceci ou pas assez cela… et plus cette personne est proche de nous, et plus elle nous agace.  Il y a deux solutions possibles : faire les choix nécessaires pour s’en éloigner au plus vite, ou changer notre regard sur cette personne.

L’être humain a une curieuse propension à s’imaginer supérieur à tous ses semblables; et c’est par cette attitude qu’il se nuit le plus à lui-même, parce qu’il bloque par là toute possibilité d’amour réciproque.  Pour en revenir à cette personne qui vous tape sur les nerfs, demandez-vous ce qui, en vous-même, pourrait bien taper sur les nerfs de cette personne; et quand vous aurez trouvé la réponse, la personne en question vous semblera déjà pas mal moins énervante!  Reconnaître mes propres faiblesses, découvrir que je suis parfois un fardeau pour les autres, çà aide à juger moins durement l’autre qui se trouve près de moi.  Nous sommes tous des êtres faillibles et fragiles : le reconnaître est le commencement de la libération.  La vérité rend libre.

L’être humain a une autre tendance autodestructrice : il veut prendre le plus possible et donner le moins possible.  J’ai un enfant de 6 ans qui n’a pas encore réussi à perdre cette mauvaise habitude de prendre pour lui les jouets des autres – ouvertement ou en cachette.

Il provoque à tout coup l’ire de ses frères et sœurs – et parents! – perdant automatiquement tout ce qu’il avait essayé de s’accaparer.  Heureusement, il a encore le temps d’apprendre.  Mais je connais également un tas d’adultes qui agissent exactement de la même manière (malgré qu’ils le fassent beaucoup plus «subtilement») et le résultat sera tôt ou tard le même.

«Donnez, et l’on vous donnera.»  Qui met cette parole de sagesse en pratique?  Je vous mets tous au défi de l’essayer!  Donnez sincèrement, généreusement, sans attendre de retour : votre vie changera complètement, et vous vous verrez bientôt comblés de tout ce que vous cherchiez à posséder – en vain – depuis toujours.

Pour ce qui est du regard que l’on porte sur l’autre, il y a quatre bonnes habitudes à cultiver : chercher à découvrir le beau, le bon et le grand en cette personne; considérer en lui (elle) ce en quoi il (elle) nous dépasse; s’émerveiller de ce qu’on découvre de bien en l’autre; lui exprimer cet émerveillement… Envoyer des fleurs, quoi!  Votre vie s’en trouvera toute parfumée.

Et s’il vous arrive d’avoir à émettre quelques critiques (constructives, j’espère) envers autrui, pourquoi ne pas courageusement et calmement les exprimer directement à la personne concernée?  Les dire dans son dos à une tierce personne est absolument inutile et démontre que vous avez peu de maîtrise sur votre propre vie puisque vous en êtes réduit à subir les évènements qui vous adviennent plutôt que de participer concrètement à les transformer.

Dans notre société dite moderne, on idolâtre la jeunesse et la beauté; on épile les poils de la maturité, on camoufle sous la teinture tout ce qui est gris ou blanc et on maquille les rides.  Curieuse illusion d’une société qui s’imagine se réaliser en retournant vers l’œuf!  Faudrait recommencer à honorer les cheveux blancs, à idéaliser la sagesse et la bonté.  La gloire éphémère des idoles qui se trémoussent à la télé – ou des politiciens fantoches qui nous dirigent – ne les suivra pas dans la tombe.  Mais l’amour généreux des parents, des grands-parents – et de tous ceux qui se donnent vraiment – leur survivra dans leurs enfants et dans tous ceux qui se souviendront avoir eu du bonheur à les côtoyer.

S’aimer corps et âme

Par Johane Filiatrault – Le 17 janvier 2003

« Les papas que je connais décrocheraient la lune pour leurs enfants s’ils le pouvaient.  Mais en réalité, quel est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à ses enfants?  C’est de beaucoup aimer leur mère ».*1

J’ajouterais : quel est le plus beau cadeau qu’un homme peut se faire à lui-même?  C’est de chérir tendrement la femme à laquelle il a choisi de lier son destin… parce qu’une femme aimée demeurera une femme aimante et qu’il sera, lui, le premier bénéficiaire du retour d’amour de sa compagne.  La femme est dotée d’un merveilleux charisme : celui «de pouvoir transformer la tendresse conjugale intime en amour familial généreux et vital pour chacun des siens».*2    Et le charisme de l’homme, lui, quel est-il?  Celui de la fidélité… parce qu’il est moins le jouet de ses émotions que le sont, en général, les femmes; et donc plus capable de s’investir avec constance dans le lien d’amour avec sa conjointe.  Encore faut-il qu’il y emploie toute sa volonté et son énergie, plutôt que de papillonner sans fin d’une femme à l’autre à la recherche de l’extase suprême.  Extase qu’il ne pourra trouver qu’en s’attachant à l’une d’entre elle de tout son cœur et de tout son corps.

Les gens heureux ont une histoire, et c’est toujours une histoire d’amour vrai qui dure.  Cela, chacun le pressent en lui-même… On n’a qu’à consulter les statistiques pour s’en convaincre : les jeunes québécois classent encore bons premiers, dans leur top list des valeurs, le couple, les enfants, la famille.  Pour arriver à ce bonheur, une seule recette fonctionne encore : le don de soi total et sans retour pour s’investir chaque jour à faire le bonheur de l’autre (ce que les femmes font souvent trop spontanément, et les hommes, pas assez!).

Ce qu’une épouse peut représenter dans la vie de son homme?  Voici ce qu’en dit un Inuit :

«Angnatsiaq est l’état d’esprit quand tu penses profondément à une femme.  Non, ce n’est pas penser à lui faire l’amour ni à ses attraits terrestres.  C’est penser à elle en tant que la partie belle et tout à fait essentielle de ta vie.  Son odeur, son toucher, sa voix, son mouvement et sa présence sont aussi importants pour toi que ta propre respiration.  Elle est sans âge.  Vous assurez l’un et l’autre votre survie et, au fond de ton cœur, tu sais que vous allez voyager ensemble pour toujours.  Elle est l’unique partie de ton être qui te manquait et qui a fait de toi une personne entière.  Chaque lever de soleil naît dans ses yeux.»*3

Ce qu’un époux peut représenter dans la vie de sa femme?

Il est l’amant dont j’ai rêvé : il sait si bien me parler d’amour et m’envelopper de tendresse et d’attention.  Il est mon frère, le compagnon dont la présence me réjouit et m’apaise, l’ami en qui je me retrouve, le seul dont le cœur puisse contenir le mien.  Il est le roc sur lequel je m’appuie, l’époux fidèle sur qui je peux bâtir ma vie, le père de mes enfants qui nous guide et nous rassure.  Ses yeux sont un fleuve où je me noie…Mon bonheur a un nom : le sien.  A travers vents et marées, nos vies se sont liées.  Vivre sans lui, comment le pourrais-je?  Nous séparer, c’est m’arracher mon souffle.  Il est l’air que respire mon âme, aussi nécessaire à mon bonheur que l’eau dont je m’abreuve.

À suivre…

*1 :  Jean-Robert Gauthier, dans le NIC, 22 déc. 2002, p. 17

*2 :  Idem

*3 :  Un ancien, cité par Norman Hallendy, Inuksuit, Toronto, Douglas & McIntyre,  2000, p.85