Au commencement ils étaient nus

       Au commencement, l’homme et la femme étaient nus; et cet état d’innocence l’un face à l’autre leur faisait sûrement goûter une joie très appréciée puisque c’est à regret qu’ils l’ont quittée… Et n’allez surtout pas me dire que, le fruit défendu, c’était le plaisir sexuel! (Plusieurs le pensent!) De ce fruit-là (délicieux!), ils s’en étaient sûrement déjà beaucoup nourris ­– et avec la bénédiction divine encore! Leur transgression était toute autre, et loin du domaine du plaisir amoureux : il s’agissait d’une volonté orgueilleuse de s’arroger le droit de décider de ce qui est bien ou mal à partir de leur propre interprétation, sans référence à l’ordre inscrit dans la nature même des êtres et des choses. Une toute autre faute, à vrai dire, et qui origine autant dans l’humain mâle que dans l’humain femelle.

       Mais alors pourquoi les « religions » s’acharnent-elles à pointer du doigt le plaisir (et la femme!) comme la source de tous les maux ? Pourquoi cherchent-elles à faire taire le désir, à régir sévèrement les rapports amoureux ou à faire disparaître sous des habits austères le charme féminin? Dans certaines religions, s’abstenir du plaisir sexuel est présenté comme le sommet de l’expérience spirituelle! Alors que… qui aime beaucoup un compagnon (une compagne) de vie dans un corps à corps libre, fidèle et joyeux, peut clamer au contraire que l’amour physique respectueux éveille au spirituel et y mène tout droit. Quel est ce mensonge qu’on véhicule depuis des millénaires impunément et qui autorise les hommes  » par décret divin  » à soumettre durement la femme, coupable selon eux d’avoir entraîné l’humanité dans la faute par son rôle de tentatrice? Tant que les Écritures n’ont été interprétées que par des hommes mâles, ils ont eu beau jeu de propager ces sottises, mais leur règne achève, heureusement! Ils sont désormais obligés de partager le pouvoir avec les femmes et c’est là le plus grand bienfait survenu pour l’humanité depuis ses origines.

       Quand je verrai l’homme (bouddhiste, chrétien, musulman ou de tout autre spiritualité) traiter avec amour celle qui partage sa couche, quand je le verrai consentir amoureusement à tout partager équitablement avec elle – travaux de la maison, soin des enfants, compétence et éducation,  rémunération, droits et devoirs, responsabilités et décisions, plaisirs et libertés – alors je croirai en l’homme mâle. Alors, je serai prête à entendre les prédications qu’il voudrait encore me faire… Sauf qu’alors, l’homme aura perdu le goût de prêcher! Seul a envie de prêcher celui ou celle qui se croit posséder quelque vérité supérieure, celui ou celle qui se perçoit au-dessus de l’autre par quelque volonté divine. L’être humble, celui ou celle qui a pris conscience de sa véritable nature (qui n’est heureusement pas divine!), celui-là ou celle-là cherchera plutôt à être le frère ou la sœur de tous, non pas le maître, le gourou ou le (la) shaman.

          Celui qui se soumet la femme est semblable au diable « dans sa fureur contre elle » (Apocalypse12,17). Il travaille contre l’avènement du monde nouveau – qui se réalise tout particulièrement dans la manifestation de la grandeur et de la dignité de la femme et de l’Agneau (lire l’avant dernier chapitre de l’Apocalypse). Ce monde nouveau adviendra pour vous, homme, quand vous serez devenu tel l’agneau, doux et humble et tendre. Il adviendra quand votre femme sera fière de vous appartenir, profondément heureuse et pacifiée grâce à votre respect et à vos bons soins; il adviendra quand elle trouvera son plaisir en vous. C’est tout simple.

     Les religions tendent à placer la femme dans un rôle de subalterne. Au commencement, pourtant, quand fut créée la femme, elle fut proclamée « aide » de l’homme. Or « à l’aide de » ma femme et « grâce à » ma femme sont deux expressions synonymes : à méditer… Il faudra que disparaissent les institutions religieuses et leurs castes mâles pour qu’advienne ce monde de Paix tant souhaité et tant appelé; et il nous faudra réapprendre à vivre « nus », l’un(e) devant l’autre; nus, c’est-à-dire sans armes mâles et sans armures féminines.

Complément pour les adhérents du christianisme :

Jésus, le premier, a enseigné ces choses; par son exemple. Il parlait aux femmes comme à ses égales, il a pris leur place pour laver les pieds de ses disciples (le lavement des pieds était une tâche liée à l’hospitalité qui incombait habituellement aux serviteurs ou aux femmes (1Tim 5,10)), il s’est confié à elles dans deux des temps les plus importants de son existence :

  • C’est l’intervention de sa mère, Marie, qui a provoqué le début de sa vie publique
  • Une fois sorti du tombeau, c’est à Marie-Madeleine qu’il confie la première tâche sacerdotale, celle d’aller annoncer sa résurrection aux apôtres

Jésus traitait les femmes comme ses égales… Il y a de cela deux mille ans!!! Et il a souligné l’endurcissement – la sclérose – du cœur des hommes mâles de son temps (Mathieu 19,8; Marc 10,5). Que dirait-t-il du cœur des hommes d’aujourd’hui?

S’aimer corps et âme

Par Johane Filiatrault – Le 28 mai 2003

Faire l’amour à la personne qu’on aime depuis longtemps, est une expérience toujours nouvelle et merveilleuse.  Sans doute, il n’y a plus l’intensité physique explosive des premières relations de couple, mais c’est largement compensé – et dépassé – par une grande confiance mutuelle qui conduit à un abandon total aux caresses et désirs de l’autre.  C’est précisément cette profonde symbiose entre deux êtres qui est exaltante, peu importe l’intensité de l’orgasme physique : le sentiment bouleversant d’être aimé de l’autre… cet autre qui se préoccupe d’honorer mon corps et de le conduire au plaisir… Me soucier d’abord du plaisir de l’autre et trouver mon plaisir dans le sien… Mon don à l’autre pour son plaisir qui deviendra le mien…  Faire l’amour vraiment… et m’apaiser en l’autre qui s’apaise en moi.

C’est après l’orgasme qu’on sait si on a vraiment fait l’amour ou si on n’a que baisé sans intelligence (l’intelligence qui nous donne de prendre conscience de l’amour vrai).  Quand, après l’amour, je peux plonger mes yeux dans les tiens – mieux, mon âme dans la tienne – et me réjouir que tu sois là et m’émerveiller parce que je vois dans tes yeux que tu m’aimes toujours, nous avons fait l’amour, vraiment.  Quand je me sens réconciliée avec moi-même et avec l’univers entier, quand nous voici sereins et si proches l’un de l’autre – au point qu’on voudrait demeurer soudés toujours – oui nous avons fait l’amour.

Mais si l’amour vrai n’est pas au rendez-vous, les résultats sont tristement différents.  On aura beau avoir l’orgasme le plus «extasy» qui soit, qu’en est-il du retour à la réalité? Qui est cet autre qui est allongé près de moi (ou qui n’y est déjà plus)?  Nous sommes faits pour l’amour, et quand ce doux sentiment de la proximité aimante de l’autre n’est pas au rendez-vous, quand nous ne sentons pas qu’il ou qu’elle se préoccupe sincèrement de notre bonheur, quel vide cela laisse-t-il en nous!  La triste impression d’être utilisé ou manipulé, le sentiment d’être seul au monde; la satisfaction physique, peut-être, qui sera à re-satisfaire bientôt ou plus tard… mais rien qui comble l’âme, rien qui remplit de joie et donne le goût d’être meilleur, rien de grand et de vraiment humain.

Quand on constate dans quelle pornographie bas de gamme se vautre notre société dite évoluée, quand on expérimente quelle profonde déchirure de l’âme provoquent les abus sexuels ou les viols, quand on dénombre la multiplication phénoménale des expériences homosexuelles, bisexuelles, échangistes, etc. (je dis «expérience» parce qu’un engouement de cette ampleur est trop jeune dans l’histoire contemporaine pour qu’on puisse en évaluer l’impact réel, en positif ou en négatif), on ne peut que conclure que nous sommes sûrement à un tournant de l’histoire humaine en matière de recherche sexuelle!  Merde que nous sommes malades… d’amour!

Tous autant que nous sommes sur la planète, du plus petit jusqu’au plus grand, nous avons un seul grand besoin, fondamental : être serré très fort dans les bras de quelqu’un qui nous aime tendrement et nous respecte profondément.  Comme société, parce que nous ne savons pas ou ne voulons pas faire l’effort de créer des liens d’amour vrais avec les autres, nous cherchons des raccourcis faciles, des parodies d’amour.  Nous consommons du sexe.

Nous nous avilissons et nous goûtons ce que goûte la mort. Ça goûte… triste.  L’amour vrai goûte la joie, et son fruit est la vie.

S’aimer corps et âme

Par Johane Filiatrault – Le 28 janvier 2003

Il existe plusieurs définitions du mot «aimer».  Trop peut-être: on finit par être tout mêlés dans les sentiments qui s’emmêlent sous cette définition…  On peut aimer une voiture, et décider de l’acheter pour pouvoir l’utiliser à sa guise.  On peut aimer les chocolats, et vider la bonbonnière sans partage.  On peut aimer l’émotion amoureuse que fait naître en nous une personne qui nous attire.

Dans tous ces cas, amour rime avec plaisir… et rimera bientôt avec responsabilité.  On devra payer les frais d’assurance et de plaques de la nouvelle voiture, veiller à la conduire prudemment et assumer les frais d’entretien mécanique.  Dans le cas des chocolats, on devra assumer les effets désagréables de notre gourmandise,  peut-être avoir à gérer un excès de poids qui nous gêne et aussi endurer les protestations de ceux qui auraient bien aimer les goûter, ces friandises!  La plupart des gens sont à l’aise avec la phase 1 de l’amour  (le plaisir).  Pas mal moins le sont avec la phase 2  (la responsabilité).  (Je sais de quoi je parle puisque je fais partie d’une génération qui n’a pas été beaucoup éduquée à la responsabilité!)   N’avons nous pas tendance à être, en tout et partout, des consommateurs, en amour comme en toutes choses?  On n’a pourtant pas besoin d’être un grand spécialiste pour constater que la pulsion « consommation » est insatiable.  Le feeling agréable que nous procure l’acquisition d’un nouveau bien ou l’expérimentation d’une nouvelle sensation agréable est habituellement très passager, pour ne pas dire fugace, et cède vite la place à la désagréable impression de vide qui nous poursuit et nous rattrape.  Le consommateur doit alors repartir en quête de consommation, encore et toujours.  Gouffre sans fond…  Le bonheur est ailleurs.

Aimer l’émotion amoureuse que fait naître en nous une personne est une chose; aimer cette personne en est une autre.  Aimer, c’est d’abord l’action de s’émerveiller de ce qu’est l’autre, admirer ses qualités, ses richesses d’être et tous ses attraits physiques ou psychologiques.  Aimer nous mènera ensuite… à nous buter sur les limites de l’autre, tout ce qu’il n’est pas ou ce qu’il n’a pas.  C’est là l’épreuve à traverser, une sorte de passage étroit où l’amour se purifie et s’affine.  C’est à partir de là qu’aimer est un choix, une décision mature et épanouissante pour les deux partenaires.  C’est à partir de là qu’on commence à écrire une histoire d’amour qui dure.

«L’amour est un tournoi où tombent tour à tour les guerriers maladroits noyés dans la bravoure» chante Richard Desjardins   Il y a ceux qui n’étaient pas faits l’un pour l’autre : l’épreuve marquera la fin de l’histoire (tant mieux!).  Fin de l’histoire aussi  pour ceux qui ne veulent pas s’y investir (tant pis!).  Mais il y a les braves qui, pour ne pas sombrer dans la tempête, s’accrocheront très fort à la beauté de leur histoire d’amour… et qui remporteront le tournoi à force d’oubli de soi et de souci de l’autre.  Les guerriers maladroits consommeront tour à tour des amourettes sans lendemain tandis que nos vainqueurs vieilliront tranquillement côte à côte dans cette assurance et ce repos que procure un amour vrai.  «Oui mais au prix de perdre l’intensité physique des nouvelles amours», objecterez-vous.  Allez-y voir!  Comme si le fait de toujours faire l’amour à la personne qu’on aime pouvait s’affadir avec le temps!   La recette assurée pour entretenir très vive la passion des conjoints?… Savoir user de son imagination !!!   Aussi, ne pas s’inquiéter outre mesure des hauts et des bas du désir : ça reviendra! (Nous formons un couple qui avance dans la cinquantaine et nos rencontres sexuelles sont toujours plus riches, plus belles, plus comblantes). Rester tendre et attentionné, se parler en vérité et chercher l’épanouissement humain et social de l’autre :  seule recette qui nous mènera à pouvoir goûter et savourer toutes les subtiles nuances des deux mots les plus merveilleux de la langue française :  faire l’amour.  (à suivre)

S’aimer corps et âme

Par Johane Filiatrault – Le 17 janvier 2003

« Les papas que je connais décrocheraient la lune pour leurs enfants s’ils le pouvaient.  Mais en réalité, quel est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à ses enfants?  C’est de beaucoup aimer leur mère ».*1

J’ajouterais : quel est le plus beau cadeau qu’un homme peut se faire à lui-même?  C’est de chérir tendrement la femme à laquelle il a choisi de lier son destin… parce qu’une femme aimée demeurera une femme aimante et qu’il sera, lui, le premier bénéficiaire du retour d’amour de sa compagne.  La femme est dotée d’un merveilleux charisme : celui «de pouvoir transformer la tendresse conjugale intime en amour familial généreux et vital pour chacun des siens».*2    Et le charisme de l’homme, lui, quel est-il?  Celui de la fidélité… parce qu’il est moins le jouet de ses émotions que le sont, en général, les femmes; et donc plus capable de s’investir avec constance dans le lien d’amour avec sa conjointe.  Encore faut-il qu’il y emploie toute sa volonté et son énergie, plutôt que de papillonner sans fin d’une femme à l’autre à la recherche de l’extase suprême.  Extase qu’il ne pourra trouver qu’en s’attachant à l’une d’entre elle de tout son cœur et de tout son corps.

Les gens heureux ont une histoire, et c’est toujours une histoire d’amour vrai qui dure.  Cela, chacun le pressent en lui-même… On n’a qu’à consulter les statistiques pour s’en convaincre : les jeunes québécois classent encore bons premiers, dans leur top list des valeurs, le couple, les enfants, la famille.  Pour arriver à ce bonheur, une seule recette fonctionne encore : le don de soi total et sans retour pour s’investir chaque jour à faire le bonheur de l’autre (ce que les femmes font souvent trop spontanément, et les hommes, pas assez!).

Ce qu’une épouse peut représenter dans la vie de son homme?  Voici ce qu’en dit un Inuit :

«Angnatsiaq est l’état d’esprit quand tu penses profondément à une femme.  Non, ce n’est pas penser à lui faire l’amour ni à ses attraits terrestres.  C’est penser à elle en tant que la partie belle et tout à fait essentielle de ta vie.  Son odeur, son toucher, sa voix, son mouvement et sa présence sont aussi importants pour toi que ta propre respiration.  Elle est sans âge.  Vous assurez l’un et l’autre votre survie et, au fond de ton cœur, tu sais que vous allez voyager ensemble pour toujours.  Elle est l’unique partie de ton être qui te manquait et qui a fait de toi une personne entière.  Chaque lever de soleil naît dans ses yeux.»*3

Ce qu’un époux peut représenter dans la vie de sa femme?

Il est l’amant dont j’ai rêvé : il sait si bien me parler d’amour et m’envelopper de tendresse et d’attention.  Il est mon frère, le compagnon dont la présence me réjouit et m’apaise, l’ami en qui je me retrouve, le seul dont le cœur puisse contenir le mien.  Il est le roc sur lequel je m’appuie, l’époux fidèle sur qui je peux bâtir ma vie, le père de mes enfants qui nous guide et nous rassure.  Ses yeux sont un fleuve où je me noie…Mon bonheur a un nom : le sien.  A travers vents et marées, nos vies se sont liées.  Vivre sans lui, comment le pourrais-je?  Nous séparer, c’est m’arracher mon souffle.  Il est l’air que respire mon âme, aussi nécessaire à mon bonheur que l’eau dont je m’abreuve.

À suivre…

*1 :  Jean-Robert Gauthier, dans le NIC, 22 déc. 2002, p. 17

*2 :  Idem

*3 :  Un ancien, cité par Norman Hallendy, Inuksuit, Toronto, Douglas & McIntyre,  2000, p.85

Le mariage

Le 15 octobre 2003, par Johane Filiatrault

Parce que les couples homosexuels le revendiquent actuellement comme un droit, on a beaucoup entendu parler de mariage, ces temps-ci.  Mais qu’est-ce qui leur fait tant envie dans cette institution en chute libre, alors que les couples hétérosexuels se marient de moins en moins et que leurs mariages finissent une fois sur deux par un divorce?

À cause des profonds changements sociaux du 20e siècle, le mariage n’a plus – socialement parlant – sa raison d’être.  Il n’est plus question de nos jours de se marier pour s’allier une puissante ou riche famille et assurer ainsi sa survie dans un milieu hostile.  Plus question non plus de prendre femme pour se garantir sur elle des droits de propriété privée – (On sait que les grands rois de l’Antiquité faisaient entre autre étalage de leur richesse et de leur puissance en multipliant le nombre d’épouses et concubines qu’ils entretenaient à leur cour).  Et pour ce qui est d’obliger légalement un père à prendre soin de sa progéniture, le mariage n’est plus désormais nécessaire non plus : un simple test d’ADN suffit!

Il restait encore les avantages économiques liés à la famille, mais on sait que, de plus en plus, les lois tendent à octroyer les mêmes droits et devoirs aux couples en union de fait qu’aux couples mariés.  Qui se marie court même le risque de voir son(sa) conjoint(e) partir avec la moitié du patrimoine familial si il(elle) se déclare insatisfait(e) de l’union! Que conclure, alors?…   « Si telle est la condition d’un homme envers sa femme, il n’y a pas intérêt à se marier », disait déjà des hommes il y a de cela 2000 ans! (Livre de Mathieu dans la  bible – 19,10)

En effet, d’intérêt matériel au mariage, il n’y en a plus guère et c’est pourquoi il a perdu plusieurs de ses adeptes.  Pour lui donner son sens, il ne reste plus qu’une très haute valeur spirituelle : la confiance mutuelle.  « Le Créateur, au commencement les fit mâle et femelle.  C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair. » (Mathieu 19, 4-5)       Il n’est pas question de mariage institutionnalisé dans ce passage mais bien d’un acte d’attachement qui fait de deux personnes une seule chair.  Alors, oublions le mot « mariage » et laissons-le aux couples homosexuels s’ils en veulent.  C’est un mot tellement galvaudé d’ailleurs qu’il n’a plus guère de sens.  On connaît trop de couples, pourtant officiellement mariés, dont la vie conjugale est si fade et l’amour si tiède qu’on ne voudrait surtout pas les imiter.  On connaît aussi des couples en union libre qui cherchent constamment à grandir en amour dans le respect mutuel et la fidélité réciproque, agissant en tout pour ne rien laisser se perdre de l’émotion amoureuse de leurs premiers instants.  Lesquels sont les plus « mariés » d’après vous?

Ils sont mâle et femelle donc, s’appelant dans leur complémentarité, ayant besoin de l’autre pour trouver l’unité : deux êtres incomplets qui s’attirent pour former un Tout.  L’homme (ou la femme), à la recherche de ce sentiment de plénitude qui lui manque, quittera son père et sa mère.  Ça a l’air très simple, mais beaucoup de couples échouent parce qu’un des conjoints est resté trop attaché à son passé de célibataire, à ses copains(copines) d’adolescence ou à la sécurité du foyer parental.  Quitter cela exige de la maturité chez le jeune adulte, difficile à acquérir parce que beaucoup de mères et d’épouses ont tendance à infantiliser – leurs hommes surtout – mais aussi leurs filles, et à les materner au-delà de l’âge adulte (ce dont plusieurs se complaisent facilement)!  Quitter son passé d’enfant, donc, pour devenir le pilier d’une famille en s’attachant toujours davantage à son(sa) conjoint(e), oubliant tous et toutes pour (lui) elle, pour l’amour d’elle ou de lui, en mettant toute sa force et son énergie à s’investir totalement dans cette union.  Parce que la femme aimée sentira  cet attachement durable qu’il éprouve envers elle, elle répondra en s’ouvrant toujours plus totalement à lui, dans son corps et dans son âme, fondant sa volonté à la sienne dans une inébranlable confiance réciproque.  Ils se reposeront alors l’un dans l’autre.  Il n’y aura plus deux êtres (une femme qui défend ses intérêts et un homme qui cherche à imposer les siens – ou vice et versa).  Ils ne feront qu’une seule chair, ne voulant et désirant qu’une seule chose : leur bonheur mutuel et celui de leurs enfants.  Voilà un couple vraiment uni, qu’il aie ou non signé un acte de mariage.  Voilà un couple que l’humain ne peut ni ne doit séparer.  Voilà un couple qui rayonnera son bonheur autour de lui, donnant envie d’aimer à tous ceux qui les rencontreront, et à leurs enfants d’abord qui, dès leur jeune âge, pourront goûter comme il est bon et doux d’être ensemble et unis.

Roses, mais fiers!

Par Johane Filiatrault

Chapeau les gars!  La radio de Radio Canada diffusait récemment une entrevue avec des femmes étrangères immigrées au Québec : l’une provenait du Mexique, l’autre d’un pays musulman, une autre de l’Italie, etc.  La question posée à ces femmes : «À quel endroit sur la planète trouve-t-on les hommes les plus ‘roses’ ? »   Elles ont été tout à fait unanimes : chez nous au Québec.

On ne doit bien sûr pas généraliser; des hommes machos et égocentriques, il y en a encore trop, chez nous comme ailleurs.  Mais il faut quand même se réjouir de cette avancée culturelle : que nos hommes remportent la palme dans ce domaine est incontestablement une victoire pour nous également, les femmes.  Victoire aussi de toutes nos ancêtres qui, depuis le douloureux enfantement de la fragile colonie de Nouvelle France, ont courageusement œuvré aux côtés de leur homme pour bâtir ici une terre de liberté et de justice, et qui se sont gagnées, par leur fierté et leur droiture, le respect de leur conjoint comme de leurs fils, d’une génération à l’autre.

Un homme rose c’est quoi?  C’est un homme ayant compris qu’une femme ne se conquiert pas qu’une seule fois.  Il ne prend pas sa conjointe pour acquise et investit beaucoup d’énergie pour reconquérir chaque jour celle qu’il aime.  Il sait aussi que, pour conquérir une femme, il ne s’agit pas seulement de faire l’étalage de sa puissance (comme on l’observe chez les animaux en période de rut!) mais qu’il s’agit surtout de manifester un réel intérêt pour son bonheur à elle et celui de ses enfants, dû-t-il pour cela sacrifier une partie de son plaisir à lui.

Vous rendez-vous compte, femmes du Québec, que vous êtes nées sous les cieux les plus favorables au monde?  Réalisez-vous que vous avez plus de chances de vivre heureuses que si vous aviez vu le jour n’importe où ailleurs?  Il y a ici au kilomètre carré plus de «spécimens mâles» potentiellement capables d’écrire avec vous une belle histoire d’amour qui dure que nulle part ailleurs sur la planète!  Encore faut-il que nous y mettions du nôtre!  Élever nos filles comme des princesses gâtées et capricieuses risque fort de gâter la sauce; ça ne vaut guère mieux que la pas si lointaine époque où on élevait les gars comme s’ils étaient les rois et maîtres.  Si la libération de la femme nous mène à écraser tout ce qui est masculin autour de nous, elle se solde incontestablement par un échec.  Est-il possible, mesdames, de nous élever fièrement jusqu’à notre juste place sans abaisser durement les hommes au côté desquels nous évoluons?

Les filles ont souvent le haut du pavé actuellement : meilleurs dossiers scolaires; meilleures chances pour les femmes dans les causes de divorces, de pensions alimentaires ou de garde d’enfants (les hommes s’y sentent souvent lésés, à tort ou à raison);  attitudes dominantes des femmes par rapport aux hommes dans plusieurs publicités.  Résultat : les gars ont du mal à trouver leur place.  Heureusement, on commence à parler de la souffrance des garçons à l’école où ils se voient imposer une manière d’apprendre peu adaptée à leur masculinité.  Ils ont droit à leur différence…et il est grand temps qu’ils retrouvent confiance en eux!  C’est d’ailleurs à une conclusion similaire qu’en venaient les immigrantes de l’entrevue radiophonique : les hommes d’ici font d’excellents conjoints, mais elles les aimeraient… un tantinet plus séducteurs.  Plus fiers d’être mâles, quoi!