Le dialogue interreligieux

Travail de missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault, le 15 décembre 2007

1.  Exprimez comment l’Église catholique conçoit le dialogue avec les non-chrétiens

 L’Église catholique reconnaît la valeur et les richesses humaines et spirituelles des autres religions, tout autant que leurs lacunes, erreurs et insuffisances.  Bien qu’elle considère hautement tout ce qui est vrai et saint dans les autres traditions religieuses, elle se sent le devoir de proclamer le Christ et d’appeler à la foi et au baptême.  Elle se sent être la voie ordinaire du salut, possédant seule la plénitude des moyens du salut.

Inspirée par un profond respect envers tout ce que l’Esprit de vérité opère en l’homme et par le désir de découvrir ces semences de vérité chez tout être humain, elle considère comme un défi stimulant d’entrer en dialogue avec les autres religions.  Ce dialogue est une source d’enrichissement mutuel et permet à l’Église d’approfondir son identité propre et de rendre compte de la Révélation qui lui est confiée.

Ce dialogue doit être conduit dans un esprit d’humilité et de loyauté, avec cohérence et ouverture, conscients de l’enrichissement mutuel qu’il peut susciter.  Il doit chercher à éviter le piège de perdre sa propre identité pour faire la paix à tout prix et tomber finalement dans le compromis.  D’autres écueils possibles à surmonter: les préjugés, l’intolérance et les malentendus. S’il se fait dans un esprit de docilité à l’Esprit Saint, les fruits de ces échanges sont la purification et la conversion intérieure.

Le dialogue interreligieux est bien sûr l’affaire des experts des religions et des représentants officiels de celles-ci, mais appartient également aux laïcs dans l’existence quotidienne et le dialogue de vie ainsi que dans l’entraide mutuelle humaine et spirituelle afin d’édifier ensemble un monde meilleur.

Tous les chrétiens sont appelés à pratiquer ce dialogue: par l’exemple de leur vie et par leur action, ils peuvent améliorer les relations entre croyants des différentes religions.

Les fruits de ce dialogue ne sont pas toujours immédiatement visibles et palpables.  Mais même s’il est difficile de trouver une oreille ou des interlocuteurs intéressés au dialogue, les fidèles sont invités à persévérer dans l’ouverture à la rencontre interreligieuse.

2.  Identifiez les questions non réglées, les contradictions éventuelles et les insuffisances

Voici ce que nous avons identifié comme écueils au dialogue interreligieux.

 -Malgré l’effort œcuménique actuel, les chrétiens en terre chrétienne restent divisés et subdivisés, en désaccord sur des points de morale et de dogme; dans ce contexte, il est difficile pour eux d’être crédibles auprès des autres religions.  L’attitude intransigeante et réactionnaire de la papauté actuelle ne va pas favoriser l’unité des chrétiens.

-En Amérique du Sud, les Églises protestantes sont en pleine expansion, étant plus allumées, plus incarnées et plus proches des gens.  Les communautés religieuses et le clergé catholiques ont moins d’impact dans leur témoignage auprès du peuple parce qu’ils ont tendance à vivre en vase clos, dans un mode de vie étranger à celui de leurs contemporains (célibat).  Si le célibat des consacrés devient un obstacle au témoignage chrétien, il devrait être rendu non obligatoire, comme on l’a vu dans les Églises orientales catholiques.

 -À partir du moment où le témoin arrive dans l’intention de convaincre l’autre, il reste toujours une part à purifier dans l’attitude humaine.  Puisque l’être humain est rarement vraiment libre de toute attache au mal, il arrive souvent qu’un relent d’instinct de supériorité crée un malaise chez l’autre et provoque le rejet du message comme du messager.

-Une ambiguïté majeure reste le fait d’identifier spontanément Église et institution visible, catholique ou autre; nous en trouvons un exemple dans la phrase suivante: « …en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (…), nous a confirmé en même temps la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême.  Le dialogue doit être conduit et mis en œuvre dans la conviction que l’Église est la voie ordinaire du salut et qu’elle seule possède la plénitude des moyens du salut ».  L’Église dans laquelle on entre n’est t’elle pas plutôt cette vie de communion spirituelle avec les saints (de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance) et les frères et sœurs chrétiens de toutes dénominations, communion consolante et gratifiante dans la mesure où on se sent faire parti du peuple de Dieu, intégrés à une descendance spirituelle sainte, bénéficiant de l’incommensurable richesse transmise d’une génération à l’autre dans la famille des croyants (de toute allégeance religieuse), héritage familial sans prix?  Tant que chaque croyant reste trop attaché à la branche qui l’a nourri (une ou l’autre institution), il manque de recul pour apercevoir le tronc commun de leur expérience spirituelle à tous : l’Esprit Saint, ruah, qui distille sa sève à tous ceux qui veulent bien la recevoir, à tous ceux qui se connectent à sa source, dans la mesure des capacités de chacun, quelle que soit la pureté du canal de réception.  Un liquide peut arriver à circuler même dans un conduit partiellement obstrué!

 

 

 

Évangélisation de la culture

Travail de missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault. le 7 décembre 2007

1.  Si l’on voulait que l’Évangile soit annoncé aux jeunes sans qu’il soit immédiatement rejeté, comment procéderiez-vous?

Sauf exception, les adolescents et jeunes adultes ne s’évangélisent pas par la proclamation de la Parole.  Le besoin viscéral d’un jeune de bâtir sa propre identité à partir de son expérience et de son jugement personnels le rend non réceptif à un message qui lui dicterait une ligne de pensée ou une manière d’être ou de vivre.  Il a besoin pour s’épanouir de vivre une exploration expérientielle des voies qui s’offrent à lui.  Il a donc surtout besoin de modèles chrétiens cohérents, dans son environnement proche si possible; des personnes signifiantes pour lui, parent, ami, enseignant, etc.  Il pourrait aussi s’agir de personnages historiques, contemporains ou non, qui ont marqué l’histoire par une attitude profondément humaine et spirituelle, Ghandi, Kalil Gibrant, Martin Luther King, Jean-Paul II, François d’Assise, Mère Thérésa, etc.    Un jeune étant encore marqué par la folle espérance d’un monde rêvé, il est perméable à l’exemple de personnes qui vont ou qui sont allées au bout de leur rêve d’un monde meilleur.

Il nous faut donc vivre à proximité des jeunes, de sorte qu’on n’aie pas besoin de rendez-vous formel pour dire: à tel moment on parlera de l’Évangile.   Il faut qu’à tout moment du quotidien, on puisse exprimer aux jeunes comment, personnellement, l’Évangile nous inspire les voies d’un monde meilleur, au moment où la question viendra naturellement sur le tapis.  Il s’agit alors de se faire proche, un apostolat de présence souvent silencieuse mais amicale et fraternelle, aboutissant à une sorte de fraternité de sang, où le jeune va spontanément se tourner vers quelqu’un de plus expérimenté pour questionner, pour trouver réponse à ses angoisses existentielles.

2.  Imaginez ensuite que vous atteignez vos objectifs, quelles transformations verriez-vous se produire suite à cette réception de l’Évangile?

On verrait d’abord augmenter chez le jeune son niveau d’ESPÉRANCE: il entreverrait une possible réalisation constructive de lui-même au sein du royaume spirituel instauré par le Christ.  Cette nouvelle espérance transposée en actes concrets d’entraide ou de don de soi mènerait le jeune à expérimenter le soutien providentiel de Dieu, sa proximité et sa grâce, expérience qui ferait naître en lui la FOI.  Ce sentiment sécurisant de se savoir aimé du Père, mêlé au besoin fondamental d’aimer et d’être aimé de tout être humain, le mènera à une remise de lui-même à ce mouvement d’AMOUR qui porte à s’ouvrir à l’autre, à laisser déborder vers l’autre le trop plein d’amour reçu et partagé.  Il aura cessé d’être seul dans le hasard de l’univers pour s’ancrer solidement à une communauté humaine de frères et sœurs qui cheminent par les mêmes voies que lui, que cette communauté soit visible ou invisible – et de plus en plus souvent virtuelle, dans toute la richesse de ce terme dont le sens s’est élargi depuis l’arrivée d’internet.  Virtuel, dont la racine signifie FORCE, et d’où le mot vertu prend sa source, est un terme qui gagne à être revisité étant donné le sens plutôt péjoratif que lui octroie un certain courant de pensée actuel.  Par exemple, les communautés virtuelles créées entre les jeunes internautes les mènent à une fraternité internationale sans frontière ni division, le rêve ecclésial, quoi!  Il nous reste à leur nommer ce qu’ils vivent : lors de ces échanges virtuels, ils réalisent l’Évangile en s’accueillant mutuellement dans leurs différences, ils vivent le message du Christ en partageant leurs richesses respectives.

Ils n’ont pas besoin qu’on leur dise comment vivre l’Évangile, mais plutôt que nous les aidions à prendre conscience de ce qui, dans leur culture de jeunes, est déjà l’Évangile en action, est déjà l’Esprit Saint en train de réaliser le dessein d’unité de Dieu sur l’humanité.  Dans un tel contexte, le jeune n’est plus un auditeur de l’Évangile, mais un acteur en voie de réaliser le Royaume.  C’est eux qui ont le dynamisme de poursuivre l’œuvre du Christ avec les moyens qui leur sont propres et qui sont des outils d’une puissance insoupçonnée, aptes à transmettre leur fougue et à allumer un grand feu sur la terre.

 

Les destinataires de la mission

Travail de missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault, le 9 novembre 2007

Si vous aviez à désigner aujourd’hui les destinataires de la mission, quels groupes devraient figurer dans cette catégorie? 

 Selon nous, à partir du moment où toute notre vie doit être imprégnée de sa vocation missionnaire, notre rôle missionnaire se réalise auprès de toute personne que l’on côtoie, quel que soit son cheminement spirituel.  Un enfant ne peut-il pas, sans même en prendre conscience, avoir un rôle missionnaire auprès d’un évêque par exemple, en l’interpellant sur une compréhension nouvelle d’un ou l’autre aspect de Dieu?  Si tel est le cas, la mission va au-delà de la conscience qu’on a d’y participer.

D’autre part, le destinataire de la mission, c’est moi comme l’autre.  En ce sens que la personne qui reçoit mon témoignage et en est édifiée, m’édifie également par l’écoute ou la réceptivité qu’elle m’accorde, me faisant ainsi grandir à son tour.  Advenant le cas où elle ne recevrait pas mon témoignage, elle m’édifie d’une autre manière parce que l’opposition m’oblige à mieux préciser ma compréhension et à adapter mes moyens d’expression à la réalité de l’autre afin qu’elle puisse dorénavant mieux recevoir mon message.

Pour ce qui est des groupes cibles, ils varient selon la personnalité et la situation sociale du missionnaire.  À cause de son vécu propre, de sa situation géographique, économique, civile, chacun a des sensibilités particulières envers des groupes de personnes ayant des besoins spirituels divers – sensibilités qu’on définit comme un appel personnel.  Pour notre part, notre sensibilité va vers ceux et celles qui sont « très distants », des personnes indifférentes ou rébarbatives à la religion.  En les côtoyant, nous mesurons à quel point, au-delà des apparences, ils sont habités par un désir spirituel profond et inaltérable, même si l’accès à leur âme est obstrué de mille manière.  L’amour sincère et gratuit qu’on leur manifeste les ouvre progressivement à la rencontre du Tout Autre.

La mission aujourd’hui?

Travail de Missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault, le 9 novembre 2007

1.  Sachant que les autres sociétés humaines disposent déjà de leurs propres systèmes religieux qu’elles regardent comme autant de voies satisfaisantes de salut, comment pensez-vous justifier la finalité de la mission?  Celle-ci ne vous semble-t-elle pas inutile dans ce cadre, voire saugrenue dans le sens où elle tendrait à vouloir s’imposer ailleurs coûte que coûte?

« Voici qu’en effet les ténèbres couvrent la terre et un brouillard, les cités, mais sur toi le Seigneur va se lever et sa gloire, sur toi, est en vue. »  Isaïe 60,2

Est-ce qu’en regardant les autres sociétés (Afrique, Inde, etc) on perçoit les personnes qui les composent comme étant vraiment épanouies et libres telle que voulues par Dieu dans son bienveillant dessein pour l’humanité?  Les enfants soldats, les enfants esclaves exploités au travail, les enfants prostitués et exploités sexuellement, les enfants hyper sexualisés et sur consommateurs de nos sociétés à nous, les femmes maintenues en soumission comme de perpétuelles mineures dans les sociétés islamiques, les femmes excisées en Afrique, les femmes discriminées dans notre Église même, est-ce là le monde de respect et de joie rêvé par Dieu ?  Si la réponse est non, nous avons là une justification très forte à la mission de l’Église.

Peu importe ce qui est la culture ou la religion de l’autre, on est appelé à lui révéler qu’il ou qu’elle est conçue pour la rencontre du Tout Autre, que cet appel à la rencontre est inscrit dans les racines profondes de son âme.  Il y a dans tout être humain une aspiration à l’absolu qui se manifeste de toute sorte de manière – en devenant Caligula ou Mère Térésa.  Il s’agit d’un besoin incontournable, primal et viscéral, qui peut mener l’être humain à tous les excès: excès de consommation, de pouvoir politique, excès de déchéance, de dépression, excès de dévouement à une cause pouvant même conduire au martyr, excès de mortification, de don de soi à la cause humaine – y compris même excès d’Amour.  Dans tous ces excès, négatifs ou positifs, la même soif « d’explosion » de soi est manifestée.  Seul un Absolu divin peut assouvir ce besoin viscéral d’absolu qui hante l’être humain.  Pouvons-nous nous taire face à cette quête dramatique de nos contemporains?

« Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront. »  Luc 19, 40

Tout chrétien est fondamentalement un transmetteur du trésor qu’il porte en un vase d’argile.  Saisis par le Christ, nous devenons donneurs de vie.  Nous qui avons été libérés par le Christ, et remplis de Sa lumière, nous devenons à notre tour des libérateurs pour nos frères et sœurs.  Cela se produit par une sorte d’osmose qui est un phénomène naturel: la simple présence d’un chrétien profondément converti dans une société est par elle-même un agent de transformation; ne citons que Martin Luther King, mère Térésa, Jean-Paul II, frère Roger, qui, protestants ou catholiques, ont profondément métamorphosé les sociétés.  La paix et la joie établies par Dieu dans une âme ne peuvent que se transmettre.  Être missionnaire, c’est laisser la graine, semée en nous par l’Esprit, parvenir à maturité, devenir un grand arbre et porter du fruit capable de nourrir une multitude.

2.  Si l’on vous disait qu’en raison d’un surdéveloppement de l’humanitaire, l’entreprise missionnaire n’était réellement plus nécessaire, quelle serait votre réponse pour continuer à justifier l’activité missionnaire?

 

Il restera toujours des couches plus profondes de l’être humain à civiliser, à évangéliser, à ressusciter.  Les sciences modernes ont démontré qu’une partie du cerveau est conçu pour la rencontre de l’Absolu, « le cerveau mystique ».  L’être humain a donc besoin, pour son équilibre, de nourrir cet aspect là de son être pour s’épanouir harmonieusement et pleinement, tout comme l’aspect rationnel ou affectif ou corporel de sa personne.  Même si tous les autres besoins humains seraient comblés par un surdéveloppement de l’humanitaire, il resterait les besoins spirituels inscrits dans l’homme.

Selon nous, les termes « entreprise missionnaire » et « activité missionnaire » sont faussés à la base, parce qu’il n’existe pas un tel moment où on est en entreprise missionnaire ou en activité missionnaire; il existe une vie où chaque moment, chaque geste, chaque pensée, est imprégné de la présence de Dieu, Lui qui aspire à se répandre partout et en tous, faisant de notre personne entière et à tout moment un être missionnaire.  « Je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fut allumé! » Luc 12, 49

Certaines spiritualités anciennes ou actuelles nous enseignent que l’être humain est un tout, qu’on perd à vouloir compartimenter.

 

Travaux préparatoire au sacerdoce – Johane

Unité 1 « Je me tiens devant Toi les mains vides, au début du chemin »

Par Johane Filiatrault

  1.  Pensez à une personne de la Bible qui s’est tenue devant Dieu les mains vides…

Je pense à deux femmes de la Bible qui se sont tenues devant Dieu les mains vides et qui ont tout attendu de Lui : Esther et Judith.  Elles éprouvent toutes deux un amour indéfectible pour leur peuple; elles risqueront toutes deux leur vie pour sauver les leurs.

Autre point commun entre elles : pour obtenir le salut de leur peuple, elles useront toutes deux de leur seule arme, leur seul pouvoir : leur charme féminin…c’est-à-dire tout leur être, toute leur personne, en s’engageant corps et âme.

 

Esther est la jeune femme sensible et peu sûre d’elle, soumise et hésitante; Judith, la femme d’expérience, mature et déterminée.

Dans le livre d’Esther, Mardochée – figure du Christ – confie à la jeune reine la mission d’obtenir le salut de son peuple ; et c’est par esprit d’obéissance qu’elle quêtera la clémence du roi Assuérus et sera victorieuse dans sa requête.  Voici un extrait qui me parle particulièrement dans la prière qu’elle fit avant de paraître devant Assuérus :

« Viens à mon secours, car je suis seule et n’ai d’autre recours que toi, et je vais jouer ma vie. » (Est 4,17l)

« Et nous, sauve-nous par ta main et viens à mon secours, car je suis seule et n’ai rien à part toi, Seigneur! » (Est 4,17t)

 

     Comme Esther, Judith prendra le sac et la cendre et priera son Dieu avant d’aller affronter l’ennemi de sa nation.  Mais, contrairement à Esther, c’est d’elle-même qu’elle prendra l’initiative de sa mission; personne ne l’y appellera, sinon le manque d’espérance qu’elle constate chez les chefs de sa nation.  Elle aussi se situe devant Dieu les mains vides et ne compte vraiment que sur Lui pour obtenir la victoire :

« O Dieu, mon Dieu, exauce la pauvre veuve que je suis… » (Jdt 9,4)

« Donne à ma main de veuve la vaillance escomptée… Brise leur arrogance par une main de femme. » (Jdt 9, 9-10)

Ces deux femmes se sentent investies d’une mission de Dieu qu’elles se savent incapables d’accomplir sans son secours.  Je me sens comme elles, au seuil de cette démarche vers le sacerdoce, démunie mais confiante.

Voici le symbolisme du dessin que j’ai  joint sur la page suivante :

Les mains vides devant Dieu, je quête de Lui la nourriture qui donnera la vie à mon peuple.  Je désire – par le sacerdoce – devenir nourriture pour repaître ceux qui ont faim et soif.

Dessin de Johane

2.  Vos attentes en ce qui concerne le programme de formation

J’attends du programme qu’il m’aide à prendre conscience des capacités pastorales qui m’habitent et qu’il me donne des outils pour développer ces capacités.  Je pense que le sacerdoce n’est pas d’abord une fonction mais un état d’être.  Il ne s’agit donc pas tant de « devenir prêtre » que de l’être de plus en plus chaque jour.  Je voudrais que le programme m’aide à trouver des manières parlantes de vivre et de faire vivre les sacrements aujourd’hui.

 

Le programme de formation me semble très pertinent parce que je pourrai y expérimenter, y approfondir et y partager mon vécu sacramentel et sacerdotal.  J’apprécie ce programme surtout parce qu’il est très concret et très souple;  aussi parce qu’on ne m’y demande pas d’apprendre des notions par cœur mais bien d’approfondir ma compréhension des choses.

3.  Mise au point sur mon parcours personnel vers la prêtrise

Depuis que j’ai l’âge de 14 ans, je tiens un journal intime dans lequel j’écris mes états d’âme et mes aspirations, de manière plus ou moins régulière – au gré des évènements spirituels parlants et des prises de conscience progressives. 

En ajoutant quelques notes explicatives au besoin, je me servirai d’extraits de ce journal pour faire le point sur mon parcours vers l’ordination.

5 juillet 1976

Déjà 15 ans que j’existe, que je vis.  Je ne sais ce que cette année me réserve – qui peut prédire l’avenir? – mais j’ai bon espoir et je la mets entre les mains de Dieu.

 

2 août 1978

Il me semble que ce passage du 5 juillet 1976 résume ma vie, mon cheminement, mes espoirs.  Oui Dieu m’a prise en main, Dieu m’a changée, Il m’a guérie, Il m’a aimée et choisie.  Je veux que mon cœur et ma bouche chantent à jamais ses louanges, qu’ils proclament ses bienfaits à tous les hommes.

Mon Seigneur Jésus Christ, ma vie t’appartient.  Fais de moi ce qui te plaît, façonne-moi selon tes saints desseins, apprends-moi tout.

 

24 mars 1979

Je voudrais que Jésus transparaisse à travers moi, je voudrais qu’il éclate autour de moi en un million de parcelles d’amour.

 

11 avril 1979

…Je me suis alors rappelée combien je voulais suivre Jésus jusqu’à la croix : être fou du Christ, ça implique plonger dans l’inconnu quand on sent en soi l’appel de Dieu, ça implique une confiance totale en Dieu, même dans des situations qui te semblent absurdes avec tes yeux d’humain, ça implique d’abandonner tes vains raisonnements et tes vaines excuses pour suivre l’appel de Dieu, quel qu’il soit.

 

22 octobre 1980

Seigneur que veux-tu que je fasse?  Les pauvres m’appellent et  ces pauvres, ce sont pour moi les jeunes perdus, ceux qui ne croient plus en rien, ceux qui n’espèrent plus rien : tous ceux qui te cherchent sans le savoir.

Douce Lumière éclaire-moi.  Seigneur que veux-tu que je fasse?  Mes deux mains sont à toi!  Je suis ta servante.  Je veux te suivre, te ressembler, répandre ton nom.

Prends pitié, oh mon bon Berger.  Ramène à toi tes petits.  Fais de moi ton pâtre.  Bénis sois-tu oh mon Dieu d’exaucer ma prière.  Sois la Joie du monde!  Sois la Paix des hommes!  Amen.

 

9 décembre 1980

Qu’est ce que je peux faire pour le monde, mon Dieu?  Le monde qui souffre…  Oh mon Seigneur, celui que tu aimes est malade!  Sauve le monde!  Qu’est-ce que tu veux que je fasse Seigneur?  Je ne peux rien.  Mes efforts ne mènent à rien, c’est du vent.

Éclaire-moi, toi, ma Vie!

Donne-moi des yeux pour voir, Seigneur; pour voir l’injustice et la haine.

Donne-moi des mains, Seigneur, pour réconcilier le monde, pour reconstruire l’homme.

Donne-moi la force de la Joie mon Seigneur!  Sois ma Joie.

Qu’est-ce qu’on est en train de faire à tes petits mon Seigneur?

Lève-toi pour sauver ton peuple.

 

16 décembre 1980

Fais de moi ta lumière, Seigneur.  Fais de moi ta source.  Abreuve tes petits par moi, mon Dieu.  Fais mon  cœur à la dimension du monde.  Fais de mon cœur une maison pour tes petits, tes petits enfants, ceux que tu veux ramener à toi, ceux que tu aimes par-dessus tout, ceux que l’on blesse, mon Dieu, ceux à qui on n’enseigne plus la vie.  Oh, mon Seigneur, prends pitié car celui que tu aimes est malade!

 

25 décembre 1980

Ce soir, Seigneur, tu m’as fait un si beau cadeau en me permettant de proclamer ta Parole, ce que j’aime tant!

 

30 décembre 1980

Tu te souviens – l’an dernier lors d’une prière communautaire – la grâce magnifique que tu m’avais donnée : le désir séduisant d’être « prêtre » et pasteur, ce goût immense de me donner totalement à Toi et cette facilité que j’ai eue à communiquer ce désir naissant en moi…

 

2 janvier 1981

Être un discret levain dans la pâte, travailler sans bruit, n’être rien d’autre qu’une femme qui cherche.  Qu’aucune barrière ne me sépare des petits…  Comme toi, Jésus, comme le prêtre séculier, comme le pasteur d’une communauté.  Car, bien sûr, j’aurai besoin de la communauté mais de celle que tu dessines dans mon cœur, Seigneur.  Je voudrais que tu me dises : Pais mes brebis.  J’en serais si heureuse.  Mais, que ta volonté se fasse : ce sera mon chemin de bonheur!  Amen.

 

19 mai 1982

Seigneur qu’attends-tu de moi?  Quelle place prépares-tu pour moi, ta petite servante?  Il me plairait Seigneur d’être la dernière dans ton Royaume.  Tout ce que je désire c’est de contempler ta Face.  Le reste compte si peu pour moi.  Ce matin, Jésus, je me présentais à toi les mains vides.  Que pourrais-je t’offrir Seigneur puisque tu m’as tout donné?  À toi revient toute gloire.  Mes mains de mendiante se tendent vers Toi pour tout recevoir.  Je n’ai pas une goutte de génie à t’offrir : ces jours-ci, ma prière est distractions…  Et mon amour est si fade pour ceux que tu mets sur ma route : je ne sais pas trouver les paroles de tendresse, je ne sais pas m’oublier pour brûler d’amour pour eux.  Et toutes ces tentations des jours derniers m’ont permis de prendre conscience de mon infinie faiblesse, de ma radicale impuissance à combattre le mal si séduisant pour mon cœur faible…  Je sens bien que c’est toi qui me rends victorieuse de ces tentations.  Sur moi le mal a tout pouvoir mais sur Toi aucun.  C’est Toi qui me sauves.

… Oui, mes mains sont vides devant toi Seigneur car tout me vient de toi.  Comme je suis heureuse d’être ainsi, nue devant toi.

 

2 avril 1982

Je savais depuis quelque temps que nous allions célébrer le pardon ce soir-là.  Depuis quelques jours, le Seigneur préparait mon cœur à recevoir ce sacrement.  Il faisait la lumière en moi sur ce qui était vraiment mal, sur ce qu’il voulait que je confesse pour m’en guérir.  Alors j’ai demandé au Seigneur de me faire saisir ne serait-ce qu’une parcelle de l’infinie joie qu’il éprouve en me couvrant du manteau de son pardon, de me faire goûter la joie d’être l’objet de sa miséricorde infinie, la joie de me jeter en toute confiance dans les bras de mon Père…

Quand est venue l’heure de la confession individuelle de nos fautes… je me sentais légère et heureuse.  Pour la première fois de ma vie, il n’y avait aucune crainte en moi; seulement une douce hâte, une joie d’enfant.

Quand je me suis agenouillée pour me confesser, comme j’étais heureuse d’être faible et pécheresse, heureuse d’être toute petite devant mon Seigneur et d’avoir besoin de son salut.  Comment dirais-je la joie qui m’habitait lorsque j’ai reçu l’absolution, une joie pure, une joie d’enfant…  Je me sentais en communion avec mes frères et sœurs.  « Voyez qu’il est bon, qu’il est doux d’être frères, tous ensemble. »… L’amour du Seigneur m’enveloppait de toutes parts.

…Ce soir-là où j’ai été lavée de mes fautes, mon cœur était celui d’une fiancée toute parée pour son Époux.  Je me sentais comme revêtue d’un vêtement de noce e mon Époux se tenait devant moi.  Il y avait en moi plus de joie que je ne pouvais en contenir.

 

17 février 1983 (Au monastère)

Si j’étais prieure, ma première entreprise serait d’arracher la grille et le mur du confessionnal! Oh Mon Jésus, quelle folie d’enfermer ainsi la Miséricorde!  Pauvre Amour emprisonné!  Qu’il nous faut réapprendre l’Amour!  Qu’il nous faut réapprendre la tendresse!  O Jésus, qu’éclate ton Amour comme un torrent débordé de son lit!  Que tes prêtres soient brûlés au cœur, que ton Amour les consume! Que les formules apprises deviennent source jaillissante en Vie éternelle!  Que ton Église resplendisse de sainteté!  Qu’enfin, tu sois elle, et qu’elle soit Toi!

 

17 octobre 1983

Il y a en moi un tourment grand comme le monde : je désire ardemment voir mon Jésus reconnu et aimé, je désire voir s’établir dans tous les cœurs son règne d’Amour, de Joie et de Paix.  Je voudrais révéler son Amour aux hommes de tous les temps et de tous les lieux.  Mais comment le puis-je…?  Plus que jamais, je sens l’absolu néant de mes pauvres moyens : je ne sais comment atteindre, comment connaître Celui que mon cœur aime, je sais encore moins comment le dire et le donner à ceux que j’aime.  Je suis torturée de voir la froideur de mon cœur et la fragilité de mon corps faire écran à sa Glorieuse Beauté que je me meurs de laisser transparaître sans altération aucune.  Tout Aimé Jésus, ma cause est dans ta main.  Tu peux tout!

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Ce bref survol de mes pensées intimes donne un aperçu de l’intense désir de donner Jésus qui m’habite depuis bientôt 30 ans.  Un désir que j’ai parfois exprimé en l’associant au désir d’être prêtre ou pasteur, tout en étant très consciente que j’utilisais là une analogie – puisque le sacerdoce n’était même pas pour moi une possibilité, ni dans mes pensées, ni dans le concret.

Vers 2003, j’ai vécu une intense crise intérieure face à l’appel de Dieu sur moi.  Crise qui a culminée lors d’un pèlerinage à Ars en juillet.  Je me rappelle de ma prière d’alors qui n’était qu’un cri de contestation face à Dieu.  J’étais profondément touchée par l’action pastorale du saint curé qui brûlait d’enseigner la voie et de conduire à Dieu.  Et je saisissais profondément que, s’il avait tant pu toucher les cœurs, c’était à travers les sacrements qu’il avait le « pouvoir » de conférer; surtout le sacrement du pardon.

J’ai beaucoup pleuré à Ars sur « l’appel à donner Jésus » qui me bouleverse tant depuis tant d’année, en criant au Seigneur : « Comment peux-tu mettre en moi un tel désir de te donner au monde sans me donner les moyens de le faire? »  (Pour moi, seul les sacrements ont le pouvoir de donner Jésus.)  « Comment te donner sans être prêtre? »

 

C’est quelques mois plus tard, de retour chez nous, que j’ai eu la grâce de rencontrer Holly Ratcliffe, prêtre anglicane.  Par son témoignage, cette femme a ouvert en moi un chemin de paix : la possibilité d’être prêtre un jour.  Mon mari et moi avons alors cheminé un temps chez les anglicans en nous questionnant sur la possibilité d’être ordonnés chez eux.  Mais un an et demi plus tard, nous avons réalisé que nous étions trop profondément catholiques de cœur pour devenir prêtres d’une autre confession.  C’est alors que nous nous sommes tournés vers le mouvement des femmes prêtres dans l’Église catholique.  Voilà donc où j’en suis dans mon parcours vers le sacerdoce.

 

Unité 2 – Prophétesse par la force du baptême

Par Johane Filiatrault

2.3    Jean le Baptiste : que signifie sa position radicale pour nous les femmes quand nous préparons notre ordination ?

 Tout, dans l’évangile, est radical.  La vie du Christ était elle-même tout à fait radicale : son célibat, ses prises de position, sa manière de parler… et de mourir, sa pauvreté.  Jean le Baptiste, pour sa part, est celui qui préfigure le Christ.  Son baptême d’eau, également, préfigure le feu de l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils.

Jean le Baptiste, dès sa vie intra-utérine, a intensément vécu sa vie comme en attente de la visite du Très Saint.  Dès le ventre de sa mère, il a connu la grâce d’une telle visite; et dès lors, toute son existence s’en est trouvée bouleversée.  Après une telle visite, plus rien de terrestre n’avait d’attrait pour lui : quand on a goûté la suavité de l’Éternel, plus rien, après, n’a de saveur comparable.  C’est pourquoi le désert a été si longtemps et si précocement son refuge – loin de ce qui retient l’attention de ceux qui n’ont pas connu la visite de l’Éternel.

Pour Jean, rien ne compte, hormis cette visitation du Messie.  Dieu fait homme est venu jusqu’à lui, et il s’en est réjoui au point d’en tressaillir.  Désormais, toute sa vie sera un guet, une veille, un désir : il attend le moment où Dieu fait homme croisera de nouveau sa route.  Les sens de Jean sont affinés au désert, purifiés pour voir et sentir à la manière de Dieu.  C’est pourquoi, sans hésitation, il reconnaîtra le Christ quand celui-ci viendra à lui au Jourdain.

Pourquoi Jean était-il si radical, si intempestif quand il apostrophait ceux de sa génération?  Parce qu’il voulait leur permettre de vivre la suavité de la rencontre qui avait bouleversé sa propre vie.  Par amour pour ceux de sa génération, il était prêt à tasser violemment tout ce qui nuisait à cette ultime Rencontre.  Il savait, lui, que seule compte cette Rencontre, et que tout le reste n’est que vanité et poussière, hormis l’Amour.  Voilà, selon moi, d’où origine le radicalisme de Jean le Baptiste.

Maintenant, comment être prêtre sans avoir connu ce tressaillement de joie qu’est la rencontre du Christ?  Et, si on l’a connu, comment ne pas être radical dans sa manière d’interpeller les gens?  Au fond, la question n’est pas de savoir s’il y a des prêtres qui ne vivent pas radicalement leur engagement.  La question est de savoir qui, aux yeux de Dieu, est vraiment prêtre, peu importe le titre qu’il ou qu’elle porte ou ne porte pas.

Quand l’Esprit Saint met son feu dans un cœur, il y a risque d’incendier le monde entier.

Si ma vie n’est pas radicalement au Christ, ne m’ordonnez pas, S.V.P.

Si ma manière de vivre ne crie pas son Amour, ne m’ordonnez pas S.V.P.

Si ce que je vous dis de Lui ne vous donne pas envie de Lui appartenir entièrement, ne m’ordonnez pas, S.V.P.

Enseignez-moi plutôt à l’aimer davantage jusqu’au jour où je ne serai plus qu’une vive flamme, pure brûlure, qui saura enflammer ceux qui cherchent Son Nom.

Être prêtre, c’est être un Feu.  Jean le Baptiste était un Feu.

 

2.5.  Théologie du sacrement du Baptême; réflexion sur mon propre Baptême

2.5.1 –  Baptême d’eau

J’ai été baptisée alors que j’avais 10 jours en la fête de saint Bonaventure (15 juillet) à la paroisse St-Bonaventure de Montréal.  Qu’est-ce qui s’est passé dans mon âme et dans ma personne ce jour-là?  Cela demeure dans le secret de Dieu.  Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’un couple de parents catholiques ainsi que des représentants de cette institution ecclésiale se sont engagés ce jour-là à me conduire à la foi chrétienne et à me guider dans une démarche de conversion jamais achevée.

On reconnaît bien là le baptême d’eau que pratiquait Jean au Jourdain : un signe de l’engagement d’une personne sur le chemin de la conversion – avec, cependant, une dimension de plus que le baptême de Jean – la dimension trinitaire, la référence à la mort et résurrection du Christ.  Le baptême chrétien que j’ai reçu engage mes parents et guides religieux à me conduire à passer par la mort pour trouver la Vie.

Je pense effectivement qu’il est très légitime pour un parent chrétien d’élever son enfant dans cette optique.  Le parent chrétien qui est bien conscient des enjeux de cette vie terrestre voudra, jeune, travailler à la conversion de son enfant.  Il mettra toutes ses énergies et tout son cœur à reprendre son fils ou sa fille, à le (la) corriger, à lui inculquer la notion de l’autre et la connaissance du monde spirituel.

Bien sûr, au fur et à mesure que sa conscience s’éveille, le jeune baptisé pourra, à son tour, librement entrer dans cette démarche de conversion perpétuelle.  Le baptême d’eau – qu’un guide chrétien donne à un néophyte – correspond, selon moi, à la voie purgative dont parle Thérèse d’Avila.  Il s’agit d’une première Alliance entre Dieu et l’âme :

« Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit. »

(Osée 2,21a et b)

 

2.5.2.     Baptême de feu

Certains et certaines expérimentent un 2e type d’alliance spirituelle appelé « baptême dans l’Esprit Saint », expérience que j’ai personnellement vécue le 7 septembre 1977 alors que j’avais 16 ans, lors d’une soirée de prière charismatique.  Il s’agit d’une expérience ressentie comme l’envahissement total et soudain de toute la personne par la présence brûlante et aimante de Dieu.  Restera marqué dans l’âme et la conscience du sujet le ressenti indélébile de la douceur sans pareille et de l’incroyable puissance de la touche divine.  Cette expérience transformante ne dépend plus d’une volonté ou d’une action humaine, mais du seul vouloir divin – quoiqu’elle se produise habituellement au sein d’une communauté priante qui invoque la venue de l’Esprit et/ou suite à la prédication d’un envoyé de Dieu.

Ce baptême dans l’Esprit – ou dans le feu – est souvent mentionné dans les Écritures.  Jean le Baptiste ne disait-il pas :

« Pour moi, je vous baptise dans de l’eau en vue du repentir; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d’enlever les sandales; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »  (Mathieu 3,11)

Le récit de la Pentecôte relate cette expérience de baptême dans l’Esprit qu’ont vécu ensemble les premiers disciples de Jésus après son ascension.  Dans les Actes des Apôtres, on voit Corneille et sa famille vivre cette même expérience grâce à la prédication de Pierre (Ac 10,44)

Le Baptême dans l’Esprit Saint correspond, selon moi, au début de la voie illuminative enseignée par la sainte d’Avila.  Le baptême d’eau aura engagé le (la) néophyte dans une ascèse et une pénitence sincère, préparant le terrain à la visite divine.  Le baptême de feu engagera pour lui (elle) une période de passivité transformante où Dieu lui manifestera son Amour et sa Présence de façon sensible et intelligible… l’instruisant, le rassurant et le comblant de ses tendresses consolatrices.  Il s’agit d’une deuxième Alliance entre Dieu et l’âme :

« Je te fiancerai à moi pour toujours… dans la tendresse et la miséricorde. »

                                                                                                                   (Osée 2,21 a et c)

  

2.5.3       Baptême de neige

J’ose vous raconter une expérience spirituelle très marquante que j’ai vécu le 22 décembre 1983 alors que j’étais au monastère depuis bientôt un an.  Ce que j’ai vécu là était vraiment pour moi un baptême – je l’ai toujours identifié ainsi – vécu très profondément dans une joie et une paix intense, une sérénité absolue.  Je vais, pour en parler, faire référence à mon journal intime afin de relater fidèlement l’expérience vécue.

Il faut d’abord vous situer dans le contexte : j’avais depuis quelques temps écrit une confession générale parce que je sentais profondément le besoin de le faire.  Je l’avais envoyée à mon directeur spirituel pour qu’il la lise, et ce jour du 22 décembre, il venait au monastère pour célébrer avec moi le rite de l’absolution (et mon entrée au noviciat).  Pour ma part, je vivais cette expérience comme une véritable et profonde renaissance…

 

Mercredi le 21 décembre ‘83

En retraite (de préparation au noviciat – dans l’infirmerie qu’on privilégiait pour les retraites parce que c’était un des lieux calmes du monastère)

Hier matin et ce matin, il a neigé des diamants… une poussière de lumière étincelante, tombée d’un ciel sans nuage tout ébloui de soleil.  Ravie oui, j’ai été ravie, ayant peine à croire la joie dont s’abreuvait mes yeux. 

Marc (mon directeur spirituel) vient demain matin…

Je comprends maintenant pourquoi Jésus a choisi l’infirmerie pour ma retraite : il voulait soigner ma blessure (le péché dans mon âme).

 

Tôt, jeudi le 22 décembre ‘83

« Que les cieux distillent la rosée, que les nuages répandent la justice, que la terre s’entrouvre et que le salut s’épanouisse, que la justice fasse éclater en même temps tous ses bourgeons. »

Il neige bien sûr : une fine poudrerie.  Je crois.  Je veux donner à mon Époux la joie de dire en moi : Mort, où est ton dard venimeux?  Enfer où est ta victoire?

Pendant l’office, j’ai demandé une grâce à Jésus, un cadeau de fiançailles : la réconciliation de…(un couple de ma parenté), la Résurrection de leur Amour; que l’infidèle soit surabondamment aimé, que du cœur ouvert par la trahison coule un fleuve de miséricorde qui transforme tout en lui, l’Amante comme l’Aimé. 

Ce n’est pas un signe que je demande : je n’ai pas besoin d’autres signes.  Il me suffira de recevoir le signe de la sainte absolution.  Par surcroît, mon Dieu me donnera à manger son Corps qui régénère, il me donnera à boire son Sang précieux qui purifie… que pourrais-je demander de plus?  Et pour ma joie, pour mon ravissement, pour mon cœur d’enfant, il a dépêché du ciel aujourd’hui ma toute pure petite sœur (la neige).

Non ce n’est pas un signe que je demande : je crois.  Ce que je mendie à mon Époux, c’est le premier fruit de nos Amours, c’est l’épanouissement de sa Victoire, c’est l’Avènement de son Règne… C’est sa joie que je mendie, pour ma joie.  Je veux donner à mon Dieu la joie de me combler… Je veux communier à mon Époux sans plus d’entraves désormais.  Je veux UN.

 

Chanson que j’ai écrite plus tard en référence directe à cette expérience du 22 décembre :

Mon Seigneur vous savez tout de moi : depuis ma misère jusqu’à ma misère. 

Me voici, je viens offrir ma misère.

Je n’ai rien d’autre : qu’elle serve à votre gloire pour notre joie.

Vous savez bien mes ténèbres; votre Amour les transfigure.

Au jour de mon Baptême (22 déc.), vous m’avez recréée à votre image, lavée, purifiée, parée comme Épousée.

Allégresse en mon âme!

Bonheur qu’aucune créature ne connût.

Terre et ciel acclame le Seul digne d’être loué!

O vous tous mes frères, ma Joie soit à vous!                                                                                     4 juin ’84      

 

J’ai nommé cette expérience « baptême de neige » pour illustrer que les sens n’y sont pas très présents (contrairement au baptême de feu) – la neige, c’est froid, paisible, léger et aérien.  Ça épouse le vent qui la fait danser à droite ou à gauche.  C’est souple et ça se laisse aisément modeler.  C’est humble et ça s’efface rapidement quand la chaleur advient.  C’est profondément silencieux et doux.  Ça se transforme en un épais manteau qui protège la terre contre les froids intenses.  Ça peut devenir une masse compacte et solide à la surface de laquelle on glisse aisément.  Mais la neige est surtout synonyme de pureté par sa blancheur étincelante et son amicale fraîcheur.

Autant d’images, donc, pour parler de cette étape de la vie spirituelle qu’est la voie unitive qu’a expliqué Thérèse d’Avila.  Les sens y sont plus ou moins engourdis mais l’esprit s’éveille avec une vivacité remarquable, se délectant toujours davantage dans la communion profonde avec Dieu.  Le lien entre Dieu et l’âme n’est plus seulement indélébile mais inaliénable.  Le don de l’âme à Dieu et de Dieu à l’âme est scellé à jamais, et la communion entre eux sera de plus en plus consciente et totale.  C’est la troisième et définitive Alliance :

« Je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras Yahvé. »  (Osée 2,22)

Il s’agit d’un baptême en ce sens que c’est une entrée dans une condition nouvelle, un seuil vers un nouvel état d’âme – un état de fidélité.

Le premier baptême donne l’âme à Dieu, le second donne Dieu à l’âme; l’ultime baptême est un don réciproque, une mutuelle Alliance, un engagement total l’un envers l’autre, le début d’une sereine fidélité, d’un côtoiement intime où chacun jouit profondément et constamment de la présence de l’autre – mais sans nécessairement la ressentir – il s’agit d’une jouissance spirituelle.

Connaître Yahvé, c’est vivre dans son intimité profonde, c’est entrer dans un inconcevable échange avec Lui.  Il se révèle, Il se dévoile au fur et à mesure que l’épreuve du temps consolide le lien mutuel.  Il s’ensuit un indicible abandon, une apaisante et inaltérable certitude, un amoureux et constant réconfort mutuel (…parsemé de nuits profondes).

2.5.4       Conclusion

Comme il n’y a qu’un seul Dieu en trois personnes, il n’y a qu’un seul baptême qui peut se déployer dans le temps en trois « touches » successives, au gré de la maturation spirituelle du sujet (le baptême d’eau correspondant à l’enfance spirituelle, le baptême de feu, à l’âge nubile et le baptême de neige à la période de maturité féconde), s’il s’investit totalement dans sa relation avec Dieu.  Comme dans l’amour humain, il n’y a pas de demi-mesure possible dans ce cheminement spirituel : s’arrêter en chemin nous prive des suavités profondes goûtées par ceux-là seul qui ont le courage de traverser les nuits transformantes sans dévier ni à droite ni à gauche (c’est-à-dire sans se figer dans des principes religieux statiques – la droite – ou sans s’enliser dans des détours boueux qui captent l’âme et la font dévier du cap entrevu – la gauche.

 

 

 

Travaux préparatoires pour le sacerdoce – Le sacrement du pardon

Unité 6 « Capable d’un nouveau commencement » Par Johane Filiatrault

  1. Quelle a été jusqu’à présent votre expérience personnelle du Sacrement de Pénitence?  Pouvez-vous retracer les différentes étapes vécues en vous-mêmes concernant ce sacrement et dégager ce qui fut la théologie en arrière-plan de chacune de ces étapes (même si, peut-être vous n’y pensiez pas en tant que théologie)?  Quelle a été votre évolution?

Je me rappelle qu’enfant, parmi les activités scolaires, il y avait quelquefois la confession à l’église.  Je me revois dans la file d’attente pour le confessional.  J’angoissais à me remémorer mes péchés pour bien pouvoir les dire au curé.  Je ressentais de la gêne face à cet exercice et je ne me rappelle pas d’avoir un seul instant pensé à Dieu.  J’étais seule face à moi-même et à mes manquements.

Adolescente, je n’avais plus l’obligation « scolaire » de me confesser, mais en tant que « pratiquante », nous étions régulièrement invités à le faire; et je le faisais de temps à autre, un peu dans le même esprit que quand j’étais enfant : une sorte de « devoir de bonne conscience à remplir ».  Je ne me rappelle pas l’avoir fait pour raffermir mon lien avec Dieu ou pour Lui faire plaisir ou quoi que ce soit qui soit en lien avec Lui.  J’essayais de bien faire ce qui m’était demandé par l’Église, en me disant que ça devait être bon pour moi d’avouer mes fautes, bien que cela me gênait encore énormément.

Après avoir vécu l’expérience de l’effusion de l’Esprit Saint à 16 ans, les choses ont commencé à changer.  D’abord, la confession m’est devenue plus pénible encore.  Il me semblait qu’après avoir vécu une telle rencontre avec le Seigneur, j’aurais dû être à la hauteur de Sa perfection. Et mes fautes me sont dès lors apparues comme tout à fait horribles.  J’en ressentais une honte et une culpabilité profonde quand je devais les avouer à un prêtre.  Trop prise dans ma honte, j’étais loin de vivre une rencontre avec Dieu dans le Sacrement de Pénitence.  D’ailleurs, ma honte n’était pas face à Dieu, mais face au prêtre qui m’entendait au nom de l’Église.  Avouer que je suis pécheresse était humiliant, alors que j’aspirais désormais à la sainteté.

La théologie qui se dégage de ces premières étapes me semble s’apparenter à celle d’ un « Dieu pédagogue ».  « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil.  Qu’il n’aie sur moi nulle emprise », nous fait dire l’un des psaumes.  La confession des fautes, même vécue comme je l’ai d’abord vécue, sans lien conscient avec Dieu mais comme un acte ecclésial ou religieux, a l’immense vertu de nous préserver de l’orgueil puisqu’elle est un acte d’humilité, voire même d’humiliation consentie.  Elle est donc profondément bonne en soi.  Mais la confession n’est qu’un aspect du Sacrement de Réconciliation.  Il me restait à découvrir les autres aspects de cette grande institution du Christ.

Je cite ici un extrait de mon journal personnel (que j’ai déjà cité partiellement dans une unité antérieure) où je relate une expérience de confession vécue alors que j’avais 20 ans.  Je participais alors à une retraite « Foi et partage » tout en étant au service des retraitants puisqu’elle se déroulait dans la maison de prière diocésaine où je logeais et travaillais à temps plein comme bénévole.

2 avril 1982 

Samedi dernier a été pour moi un jour particulièrement riche en grâce et en miséricorde.  Je savais depuis quelque temps que nous allions célébrer le pardon ce soir-là.  Depuis quelques jours, le Seigneur préparait mon cœur à recevoir ce sacrement.  Il faisait la lumière en moi sur ce qui était vraiment mal, sur ce qu’il voulait que je confesse pour m’en guérir.  Alors j’ai demandé au Seigneur de me faire saisir ne serait-ce qu’une parcelle de l’infinie joie qu’il éprouve en me couvrant du manteau de son pardon, de me faire goûter la joie d’être l’objet de sa miséricorde infinie, la joie de me jeter en toute confiance dans les bras de mon Père. 

Le soir, quand est venue l’heure de la confession individuelle de nos fautes, Marc (le prêtre Eudiste animateur de la retraite et mon directeur spirituel de l’époque) m’a demandé de voir à ce que, toujours il y ait une personne qui attende à la porte de son bureau afin de ne pas prolonger inutilement la soirée.  Comme j’avais hâte de m’agenouiller pour avouer ma faiblesse!  Comme je désirais ce moment où, toute petite, je me jetterais avec confiance dans les bras amoureux de mon Sauveur!  Mais il m’a fallu attendre que chacun ait passé, il m’a fallu veiller à ce qu’il y ait toujours quelqu’un qui attendent à la porte du bureau de Marc.  Mais ce temps d’attente fut doux car se pressaient en moi cette hâte, ce désir, cette confiance.  Pour la première fois de ma vie, il n’y avait aucune crainte en moi (face au Sacrement du Pardon); seulement une douce hâte, une joie d’enfant.

Pour veiller, je me suis assise sur le divan face à la porte du bureau et j’ai appuyé ma tête sur l’épaule de Julie (une jeune amie qui participait à la retraite) pour mieux goûter l’abandon qui m’habitait, pour lui partager cette joie en mon cœur.  Quand enfin la porte du bureau s’est ouverte devant moi, je me sentais légère et heureuse.

Quand je me suis agenouillée pour me confesser, comme j’étais heureuse d’être faible et pécheresse, heureuse d’être toute petite devant mon Seigneur et d’avoir besoin de son salut.  Comment dirais-je la joie qui m’habitait lorsque j’ai reçu l’absolution, une joie pure, une joie d’enfant.  Comme le Seigneur est bon pour moi!  Après, il y a eu la fête.  Je sentais mon cœur inondé d’amour, de paix, de joie.  J’aurais voulu que le monde entier danse pour toi, Seigneur.  J’aurais aimé étreindre chacun de mes frères, chacune de mes sœurs.  J’aurais voulu laisser déborder de moi ce flot d’amour qui m’envahissait.   Je me sentais en communion avec mes frères et sœurs.  Mes pauvres mots ne suffisent pas à décrire ce qui m’habitait alors.  Il me revient cette parole du psaume : « Voyez qu’il est bon, qu’il est doux d’être frères, tous ensemble. »

Après la fête, je suis montée à la chapelle pour laisser mon âme bénir son Seigneur pour tant de bienfaits.  J’étais seule à la chapelle.  Comme je désirais que d’autres viennent se jeter aux pieds de Jésus.  Son cœur est si plein de grâces et personne ne venait s’esposer au feu brûlant de son amour!  Je priais pour que le Seigneur réalise sa parole « Quand j’aurai été élevé, j’attirerai à moi tous les hommes.  L’amour du Seigneur m’enveloppait de toutes parts.  Mon cœur était séduit par tant d’amour.  Euclide est arrivé (un ami légèrement handicapé intellectuellement mais d’une grande pureté d’âme), on a prié ensemble.  Comme je me sentais petite à côté de lui.  Sa pauvreté le rend grand et beau aux yeux de Dieu; je sentais cela et je me réjouissais de l’amour de mon Seigneur qui révèle ses mystères aux tout-petits…

…Ce soir-là où j’ai été lavée de mes fautes, mon cœur était celui d’une fiancée toute parée pour son Époux.  Je me sentais comme revêtue d’un vêtement de noce et mon Époux se tenait devant moi.  Il y avait en moi plus de joie que je ne pouvais en contenir.  Comme j’aurais aimé paraître ce soir-là devant mon Époux pour nos noces éternelles.  J’étais prête à mourir… Rien ne me semblait plus désirable que de contempler face à face mon Seigneur.

En disant le chapelet, quand je me suis couchée, les mêmes sentiments emplissaient mon âme.  Je me sentais neuve, purifiée, et l’amour et la joie qui m’habitaient me remplissaient d’action de grâce.  Je crois que j’ai goûté cette nuit-là un peu de la douceur des joies du ciel.  Je ne sais comment dire ce fleuve de bienfaits qui m’inondaient.  Je me suis réveillée très tôt le matin et j’ai redit le chapelet : les mêmes sentiments m’inondaient. 

Que le Seigneur, qui s’est plu à combler de biens son indigne petite créature, soit béni éternellement!

 

            J’ai pris la peine de citer presque intégralement la longue description que j’ai faite de cette expérience de pardon (même si je pense qu’elle pourrait en agacer plusieurs par la grande émotivité de son contenu – mais Dieu n’est-il pas Amour, totalement Amour?)… parce qu’elle est pour moi tout à fait fondamentale dans mon expérience de foi et dans ma préparation au sacerdoce.  J’ai vécu et compris ce soir-là, dans toute ma personne, corps et esprit, l’immense joie liée au pardon de Dieu, la totale régénérescence que procure son pardon.  Le Sacrement du Pardon est d’une richesse et d’une profondeur inouïes!    Il recrée l’être humain en Dieu, chaque fois qu’il est célébré, même si nous n’en avons pas pleinement conscience.  Quelle grâce extraordinaire nous est donnée par ces paroles : « Et moi, par le ministère d’Église qui m’a été confié, je te remets tous tes péchés.  Au nom du Père, du Fils et du St-Esprit. Amen.»

« C’est ainsi qu’il y a plus de joie au Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. »

      Mon expérience personnelle du Sacrement du Pardon m’a permis de réaliser à quel point la confession à un prêtre est un exercice saint ; j’en ai davantage saisi les aspects suivants :

-La confession nous place et nous garde dans une juste humilité.

-Le pardon reçu nous recrée intérieurement, tout comme si Dieu replaçait notre compteur à zéro et qu’une vie de voiture neuve commençait pour nous, sans ennui de moteur, de transmission, de carrosserie, etc.  Il y a une re-création effective dans le Sacrement du Pardon – comme dans le Sacrement de Baptême – mais petit à petit dans le cours de la vie et de la croissance spirituelle.

-La méditation de la Parole de Dieu nous dévoile nos propres attaches au mal que nous pouvons ensuite humblement confesser et, ainsi, recevoir la grâce de nous en détacher.

-Ce sacrement est source de libération.  Il nous dégage progressivement de nos attaches au péché et nous fait entrer toujours plus avant dans la liberté des enfants de Dieu.

-Ainsi purifiés, nous pouvons davantage jouir de la proximité divine, que nous percevrons toujours mieux parce que libérés des obstacles qui nous empêchaient de la discerner.

-Dans ce sacrement, Dieu peut nous faire goûter la joie qu’il ressent à nous voir faire des pas pour nous rapprocher de Lui et le suivre plus intimement.

-Le Sacrement du Pardon nous relie à la création entière et nous replace dans la communion les uns aux autres comme dans la communion à Dieu lui-même.  Ce sacrement refait sans cesse l’Église en recréant des liens spirituels entre les enfants du Père.

-Le pardon reçu est source d’éternelle action de grâce envers la toute-miséricorde de Dieu.

            L’autre conclusion tirée de mon expérience personnelle du Sacrement du Pardon, c’est qu’il faut retrouver la fraîcheur et la spontanéité de ce sacrement pour permettre aux pénitents d’en goûter tous les fruits.  Je me souviens bien que quand le Père Marc – ou d’autres prêtres que j’ai rencontrés – célébrait ce sacrement, il était tout à fait à l’aise de nous tenir la main pendant la confession ou de nous serrer affectueusement et longuement dans ses bras – et ce, de manière tout à fait chaste – au moment de l’absolution ou de prier pour nous en posant sa main sur notre tête. Ces gestes de tendresse sont selon moi tout à fait nécessaires et/ou souhaitables pour manifester la miséricorde de Dieu que ce sacrement signifie.  Il n’y a pas de lieu préférable à un autre pour le célébrer, sinon un lieu où le pénitent sera à l’aise de se confier et de prendre l’attitude corporelle qui lui convienne, agenouillement ou autre.  Je devrais plutôt dire que, selon moi, le seul lieu qui ne convienne pas à ce sacrement est le confessionnal conventionnel, qui manifeste  beaucoup trop la honte du péché… mais pas assez la joie et la tendresse de Dieu.

Je termine ici par un court extrait de mon journal que j’ai écrit alors que j’étais au monastère :

17 février 1983

Si j’étais prieure, ma première entreprise serait d’arracher la grille et le mur du confessionnal! Oh Mon Jésus, quelle folie d’enfermer ainsi la Miséricorde!  Pauvre Amour emprisonné!  Qu’il nous faut réapprendre l’Amour!  Qu’il nous faut réapprendre la tendresse!  O Jésus, qu’éclate ton Amour comme un torrent débordé de son lit!  Que tes prêtres soient brûlés au cœur, que ton Amour les consume! Que les formules apprises deviennent source jaillissante en Vie éternelle!  Que ton Église resplendisse de sainteté!  Qu’enfin, tu sois elle, et qu’elle soit Toi!

 

 

 

Parcours vers le sacerdoce avec le RCWP- Johane

Échange de courriels entre les responsables du RCWP et Johane

Depuis que j’ai rencontré le Christ à 16 ans (j’ai maintenant 44 ans), je suis habitée du désir de le faire connaître et de le servir.  En 2004, j’ai eu la chance de rencontrer une extraordinaire femme prêtre anglicane, et c’est à partir de là que j’ai compris que mon appel était peut-être vers le sacerdoce. Je suis mariée et mère de 6 enfants.  J’ai commencé l’an dernier avec mon mari des études en théologie à l’université Laval (catholique) de Québec.  Quelles sont les étapes à franchir pour accéder au sacerdoce dans votre manière de faire?
Johane Filiatrault    2006 02 15
St-François-du-Lac, Québec
Canada

… Mon mari et moi sommes actuellement inscrits à un certificat en théologie à l’université Laval de Québec.  Nous en sommes à notre 3e cours à distance, à raison d’un cours par session puisque nous sommes également sur le marché du travail.  Nous nous sommes inscrits à ces cours afin d’y poursuivre notre discernement vers la vocation sacerdotale; mon mari ressens comme moi un appel au sacerdoce.  Il y a quelques années, il a d’ailleurs été approché pour le diaconat mais il avait répondu à notre curé que tant que les femmes n’y seraient pas admises, il ne pouvait ni ne voulait aller dans cette direction, par simple solidarité devant ce qui lui semble être une situation d’injustice face aux femmes, sachant que je me sens au moins aussi appelée que lui.  Une question s’en suit donc, si je veux également être solidaire de mon mari: est-ce que vous ordonnez également des hommes?

Johane Filiatrault    2006 02 22

Bonjour Johane,

J’ai envoyé votre courriel à Michele Birch-Conery, ordonnée prêtre en juillet 2005.  C’est elle qui s’occupe de l’accompagnement des candidat(e)s canadiens.

En réponse à vos questions :

– les unités se font à distance

– oui, nous ordonnons aussi des hommes

J’espère bien que le programme répondra à vos attentes et à vos aspirations. Bonne journée à vous deux,

Danielle      2006 02 22

Johane, while I was at our retreat in Sudbury after the Pittsburgh ordinations, I had time to read your wonderful and beautiful writing. I am almost finished with your prayer journal reflections from over the years and they are exquisite.I am quite sure that Patricia and I will inform you of your acceptance as candidates before I come at the end of the month. She is still in the Sudbury area and won’t be home for a few days but just as soon as I finish both your writings I’ll discuss your candidacy with her.

See you soon,

Michele    2006-08-07 15:11

 

Merci Johane et Jean,

I had just been thinking that you might have more questions to ask me about Unit 2 but here you have sent it. That’s terrific !I have thought often about our visit and your lovely children. I think I had 4 sets of photos made but I haven’t picked them up yet. I sure look forward to seeing and remembering everyone. It was a fine learning and community time that we had together.

Thanks again for your support and hospitality.

Much love,

Michele    2006-09-07

 

Dear Johane and Jean,
I’m forwarding you and adnvent message and a lovely description of our current evolution regarding diaconate ordination.Hope all is well with you there. Did yhou receive my e-mail telling you of Bishop Fresen’s willingness to ordained you privately in your home?
Much love,
Michele  Saturday, December 02, 2006

 

PURPOSE OF TRANSITIONAL DIACONATE IN RCWP:
(Note that we don’t « do » Permanent Diaconate).

The usual purpose of the transitional diaconate among the male clergy is
to give the young man practice in liturgical and pastoral ministry.  The
deacon stands with the priest at the altar and assists him, preaches,
assists at baptisms, funerals and weddings, works with parish youth
groups, makes visits to parishioners and old age homes and attends
parish functions and meetings so that he learns how a parish functions.
The normal duration of the transitional diaconate is six months.

Our situation is rather different.  We do not have parishes.  Many of
the women ordained by us are very well theologically prepared and have
had long and rich pastoral experience.  They do need help in how to
celebrate Eucharist and in preaching and this is the main purpose of the
RCWP diaconate and is ideally done within a community.  This sacramental
mentoring and practice in preaching can, however, take place before and even continue after ordination, if necessary, since most womenpriests do not move into a parish situation.

Let us remember that our RCWP community is still in the early stages and
we have by far not settled into « normal » conditions.  So the decisions
we make are often still emergency measures. The ideal is that a candidate is ordained a deacon within and with the support of a
community.  She then ministers as a deacon within that community for at
least six months, after which she is ordained with the support of her
community and then ministers to them as a priest.  A few of our RCWP
women are in this situation; most, unfortunately, are not.  We need to make decisions according to the situations in which we find ourselves and hopefully our circumstances will improve as we move forward.

Many of the reasons for speeding up priestly ordinations are very
practical ones and have to do with such factors as age, qualifications,
experience, maturity and practical considerations like the distance from
Europe to N. America, etc.

To sum up, the main reasons for shortening the time of diaconate are:

1. Because of their age, theological qualifications and experience,
these women are ready for priesthood.  Some are extremely well qualified
in every respect: theologically, liturgically, pastorally.  Unlike the
men who are often ordained in their 20’s or 30’s, these women should not
be kept waiting any longer.  Many are already in their 60’s.

2. The distance and cost of travelling from Europe to N. America makes
it difficult to have priestly ordinations six months after diaconate
ordinations.  Making womendeacons wait a whole year for priestly
ordination often seems too long if they are well qualified and ready.
This will change once there are bishops in North America. And because of
the problems that have arisen among the bishops, it would probably not
work to invite one bishop to do a diaconate ordination and another
bishop for the priestly ordination of the same ordinands.  Probably
neither the bishops concerned nor the ordinands would be happy with
this.  It may well work later, when there are North American bishops.

3. We also need to enlarge the pool of priests so that there will be
more choice when it comes to electing bishops in N. America.

4. Since we do not have parishes anyway, there is neither the same need
nor the opportunity for « learning the ropes » in a parish during the usual six months of diaconate.

5. Note that the bishop can dispense from the six months’ duration of the diaconate.  When I was at the seminary in South Africa, the bishop
sometimes shortened this for older men.  We bishops therefore can dispense with the six months’ diaconate for good reasons and we believe that our reasons are good, especially #1 above.

As the Regions get their structures in place, there will be structures set up for deciding about diaconate and priestly ordinations and the duration of the diaconate for individual candidates. These structures are not yet in place, so we are still operating as we have done up to now. I believe we are doing the best we can in the situation in which we find ourselves.

I hope this helps to clarify issues around the diaconate.

Loving greetings,
Patricia




 

Bien chère Michele,
Oui nous avons bien reçu ton dernier email, qui nous a apporté joie et confirmation: c’est en effet pour nous un sujet de réjouissance de pouvoir vivre chez nous cette consécration.   Il nous semble plus signifiant de vivre cet évènement au lieu même où nous exerçons notre apostolat.  Nous serons très touchés de recevoir chez nous l’évêque que nous recevrons comme étant – symboliquement – le Christ lui-même qui viendrait jusqu’à nous.

Excuse-nous d’avoir tardé à donner de nos nouvelles: nous étions entièrement pris ces dernières semaines par le lancement de notre film historique « Conte-moi l’histoire » qui a eu lieu ce vendredi.  Enfin accouchés! nous sommes fiers du fruit de notre labeur.  Les invités à la première du film ont vraiment beaucoup apprécié notre court-métrage, au delà de nos espérances.  Nous terminerons le week-end prochain notre cours à l’université et nous nous consacrerons ensuite à la rédaction de l’unité 3.

Pour ce qui est de la réflexion de Patricia sur le diaconat, et tenant compte du fait qu’elle nous invite à poursuivre sa réflexion, nous aimerions partager avec vous tous et toutes, notre compréhension de ce sacrement.

Il nous semble que nous devrions comprendre le diaconat comme le fondement permanent du sacerdoce.  En ce sens que le sacerdoce – qui est le service de Dieu – prend son sens et sa source dans le diaconat – qui est le service de l’être humain dans ses besoins corporels, affectifs, psychologiques et spirituels.  Le sacerdoce n’a de sens que lorsqu’il est profondément enraciné dans le service de l’être humain. « Si  un frère ou une soeur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise: « Allez-en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous » sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? »  Jc 2, 15-16

Même chose pour les besoins psychologiques ou affectifs des personnes que le Seigneur nous confie : leur annoncer l’évangile ne peut se faire que sur la base d’un solide lien humain déjà établi avec eux.  Sinon la Parole proclamée ne trouvera pas d’écho en eux et restera sans fruit.  Un coeur de prêtre devrait être d’abord et toujours diaconal, un coeur qui aurait toujours souci des besoins des personnes, un coeur de serviteur.  Ainsi, être prêtre nécessite d’être d’abord et toujours diacre.

Perçu ainsi,  le délai entre l’ordination diaconale et l’ordination sacerdotale importerait peu : il s’agit de discerner où en est la personne dans son cheminement et son sens du service. Une fois acquis ce sens du service, le sacerdoce serait dès lors possible, tel que le propose Patricia, quel que soit le délai entre les deux ordinations.
Mais, de son côté, le diaconat pourrait demeurer permanent, parce qu’on peut réaliser entièrement sa vocation baptismale à travers un ministère de service auprès des personnes appauvries ou fragiles. « Les douze convoquèrent alors l’assemblée des disciples et leur dirent: « Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables.  Cherchons plutôt parmi vous, frères et soeurs, sept personnes de bonne réputation, rempli(e)s de l’Esprit et de sagesse, et nous les préposerons à cet office; quand à nous, nous resterons assidu(e)s à la prière et au service de la parole… La proposition plut à toute l’assemblée. »Ac 6, 2-5

Ce passage des Actes ne doit bien sûr pas être entendu comme un incitatif à délaisser le service concret des personnes au profit d’une activité « supérieure ».  Il s’agit plutôt de répondre à un appel personnel, ou de correspondre à un charisme particulier, qui n’est pas nécessairement sacerdotal.  Il revient à ceux qui en ont reçu la charge de bien discerner l’appel de chacun: diaconal, sacerdotal ou épiscopal.  François d’Assise serait un bon exemple de diacre permanent réussi!

Un ordre ne vient pas remplacer l’autre: ils s’ajoutent les uns aux autres. On devrait percevoir chaque degré d’ordination comme une charge supplémentaire.  Un(e) appelé(e) au sacerdoce, en plus d’être toujours diacre, reçoit la charge supplémentaire du service sacerdotal.  Et un(e) épiscope reçoit en plus la charge du service de l’unité.  À certains, 1 talent est confié, à d’autres 5 et à d’autres 10.  À Dieu de confier les charges pour le bien de tous.

Voilà les quelques réflexions que nous avions envie de partager avec le groupe, si tu le juges à propos.
Que l’esprit d’attente qui traverse l’Avent soit le souffle qui nous pousse en avant!  À bientôt.

Johane et Jean   Dimanche le 3 déc. 2006

 

—– Original Message —– From: Michele Birch-Conery
To: johane.jean@gocable.ca
Sent: Friday, October 06, 2006 1:04 PM
Subject: Unit 2

Dear Johane,
I have finished reading your wonderful writing in Unit 2.  I was deeply moved by all of it but truly loved the 2 baptisms: H20, Fire and Snow. There references to Teresa of Avila were truly beautiful and apropros.You speak to the fire of another’s heart in these works d I’m wondering if you
are ready to speak publically. I think the others on our Wisdom Sophia Leads site would benefit from reading your reflections and I’d like to upload your flawlessly written papers in French, just as they are. It would deepen and open our understanding of each other on this journey together and it would draw our priesthood from each of us more completely by hearing each other.
Yes, the French text might be a challenge for some but they can try and Marie, when she has time would translate these texts in any case.
Let me know as I would not want to do this without your permission. Let me acknowledge that you are the kind of person you ask that you should be were you to be ordained.
I saw that when I met you but I see it more clearly when I read your spoul dialogues with God, these prayers which are deeply mystical. It is wonderful too, that you  feel free to share what is common to us all if we let it come…genuine union with the Divine.

Dear Jean
I appreciated your reflections especially about infant baptism and the role of the parents and grace reaching the subconscious and preparing the infant for what’s to come later.Your are very clear about the wonderful call this Sacrament brings to the adults in the child’s life and in the myriad ways they must be guardians and mentors and models for the development of the child’s relationship with God.

I saw this at your home. You have very happy children who are polite and respectful with you and each othe. Your way of sharing grace before meals and in all of your interactions is very warm and comfortable. . What you wrote made me think  about adult commitment and when we have infant baptism, perhaps the Sacrament of Confirmation should be much more clearly re-thought as a very deep commitment to the realities of service in the Christian Community.

I would like to upload your writing to the Wsidom Sophia Leads site for others to read (in French as they are able) and when she has time, Marie will translate it.
I invited you to join the site last night and I have created a category in the left hand column called « Program Reflections ». That is where I would put yours if you would giv me permission.

Soon I will be writing a letter to all of the candidates about where we are now in our Canadian RCWP evolution and how we got here and then open us all up with each other for creating who we will become.

Jean, I know you will translate what I have written to Johane
and I was pleased with how much I understood of your writings. You are both developing in your expression of your beliefs in a way that brings out your Spirits that have been hidden unless given a chance for expression through this program of reflections and preparationg for priesthood and it is a joy for me to participate inexperience this very delicate opening with candidates.

I will join Ouvirier de Paix. Neither Marie nor I have had time to do this yet. When Marie is ready, we can discuss posting your work there as well as some of the others which Marie would translate into French and in that way open the discussion about the journey to priesthood for the French candidates– as they arrive.
Much love,
Michele

2006-10-09 13:01
Merci Johane and Jean,
Thanks for permission to upload your work on our little site, hardly the final one, because it will helps us all to share these works.

Thanks for the permission.
Much love on this Thanksgiving Day,
Michele

 

2006-11-16 10:54

Bonjour à vous,

Je m’étais engagée à essayer de tisser des liens entre les membres de RCWP d’expression française. Voici ma première tentative.

Tout d’abord je voulais dire à Johane et à Jean ma grande joie d’avoir pu enfin vous rencontrer lors du colloque de Montréal.  Depuis, j’ai eu l’occasion de souffler un mot à Michele au sujet d’une possible célébration de votre ordination au diaconat, Jean et Johane, chez vous à St François du Lac. Dans l’intimité, c’est très priant et ça permet à tous et à toutes de participer plus activement. La célébration, à l’exception des prières de l’évêque, pourrait se faire en français, ce qui correspondrait je pense beaucoup mieux à la réalité de votre communauté.

De tout cœur, je vous embrasse dans la joie et la paix du Christ,  Marie

 

2006-11-29 09:14

Dear Johane and Jean,

This E-mail brings you the good news of Patricia Fresen’s agreement that we can have a private diaconate ordination at your home for you soon after Marie’s ordination in May/2007.

I’m thinking that the large space of your dining room/liiving room would be sufficient for this Sacramental rite with guests. The chapel is too small unfortuantely.

Congratulations. This is truly exciting. All graces be with you.

Much love,

Michele

Bonne année à toi aussi, Holly! (Holly est pasteure de l’Église Anglicane de Sorel avec laquelle nous avons cheminé chaque dimanche avant de joindre le RCWP)

Nous sommes conscients que notre départ de la communauté de Sorel a été plutôt abrupt…  Nous avons pourtant beaucoup apprécié l’expérience d’Église vécue avec vous tous.  Mais notre aspiration au sacerdoce nous a menés ailleurs, dans des voies vraiment inattendues et surprenantes.  Nous avons approché au printemps dernier l’initiative pour le sacerdoce des femmes catholiques (femmes ordonnées sur les bateaux), et nous leur avons demandé de nous accepter comme candidats, Jean et moi. Leur réponse positive nous a beaucoup enthousiasmés.  Depuis nous poursuivons avec elles notre formation et notre préparation.  Nous avons reçu chez nous en août pour deux jours la responsable canadienne des candidats, Michele Birch-Connery, et nous avons vécu avec elle des moments spirituels intenses.  Nous avons été rassurés par l’équilibre, la chaleur humaine et la grande simplicité de cette femme de Dieu.  Du coup, toutes nos craintes face à ce mouvement neuf dans l’Église sont tombées et nous poursuivons dans la paix notre chemin avec elles.
Nous serons ordonnés diacres en mai.  L’évêque allemande, Patricia Frasen, viendra nous ordonner chez nous.  Cette sobriété  de la démarche nous convient tout à fait.  Nous croyons tout à fait en cette nouvelle forme d’Église – domestique en quelque sorte. Pour ce qui est des Ouvriers de Paix, nous poursuivons leur intégration sur la ferme chez nous.  Depuis mai, nous avons déjà installé le bureau ainsi qu’un vestiaire où nous offrons des vêtements à prix modique.  Nous nous apprêtons à bâtir une salle de petite dimension, au printemps, pour poursuivre nos activités communautaires.
Nous serions vraiment très heureux que tu nous visites quand tu viendras pour la messe à Odanak.
On nous demande d’avoir un mentor prêtre pour nous aider dans notre préparation sacerdotale.  Peut-on te considérer comme tel?  Tu es parmi les prêtres qu’on connaît, celle qui reste la plus signifiante pour nous…

À bientôt.

Johane et Jean

 

Bonjour Johane,

Merci de l’invitation pour votre ordination diaconale du 19 mai. Je demeure convaincu qu’il y a chez toi et Jean un élan du coeur qui vous pousse à aller dans cette direction. Je peux dire que je t’ai connu un peu et que j’ai apprécié tes convictions croyantes, ton amour des jeunes et ton sens du don.

Je ne serai pas présent à cette ordination mais je demanderai au Seigneur de vous accompagner sur cette nouvelle route. Votre choix n’ira pas sans blessure et rejet mais je prie pour que l’Esprit se répande en vos coeurs.

Que le Seigneur vous bénisse et vous garde! Qu’Il vous garde dans sa paix!

 

Merci de tes bons voeux, Yves!  La journée de samedi a été pour nous deux remplie de grâce.  La femme évêque qui nous a ordonnés est vraiment une personne hors du commun, remplie d’un profond amour.

Elle est d’origine hollandaise, née en Afrique du Sud où elle est devenue Dominicaine puis directrice d’école.  Elle a été emprisonnée pour avoir ouvert son école aux noirs sous le régime de l’appartheid.  Elle a ensuite fait son doctorat  en théologie à Rome, seule femme parmi les séminaristes.  Il lui est devenu évident qu’une même injustice fondée sur l’apparence physique sous tendait l’appartheid et l’impossibilité pour les femmes d’accéder au sacerdoce.  Elle a donc librement choisi de briser les barrières du sacerdoce sans l’accord des dirigeants de l’Église, comme elle avait choisi de le faire en Afrique pour rendre justice aux noirs.  Elle est vraiment un exemple vivant pour nous.

Nous comptons vivre notre ministère auprès des distants que nous rencontrons à travers l’oeuvre des Ouvriers de Paix, des gens qui ne se retrouvent pas dans l’Église institutionnelle mais qui ont une sincère quête spirituelle.

Paix et amitié,

Johane Filiatrault  22-05-07 18:30

Bonjour Michèle,

Nous réfléchissons beaucoup à ce que tu nous a partagé hier de ton désir d’ouvrir des voies nouvelles pour une formation intégrale et    plus globale des nouveaux prêtres.  Nous croyons profondément que    c’est l’être entier du prêtre qui doit être formé, pas seulement son intellect.  La vieille formule des séminaires avait l’avantage d’offrir un milieu de formation global, ce que des études universitaires ne peuvent pas apporter, d’autant plus qu’actuellement, au Québec en tout cas, les cours de théologie des universités sont assez déconnectés de la vie spirituelle et se confinent trop souvent dans des connaissances académiques.  Nous sommes prêts à apporter notre concours à l’élaboration d’un programme de formation canadien qui remplacerait le bac et la maîtrise traditionnels, un programme intellectuellement et humainement solide qui permettrait aux candidats d’acquérir les outils nécessaires à un apostolat fructueux.  Un programme qui rejoint autant les aspects psychologique, spirituel, pastoral, sacramentel, scripturaire, communautaire qu’intellectuel.  Dans les jours qui viennent, nous prendrons du temps pour élaborer par écrit notre pensée là-dessus et nous te ferons parvenir cela dès que possible.

Paix et joie dans l’Esprit Saint! Cordialement,

Johane et Jean

 

La formation des prêtres dans le RCWP par Johane et Jean

Le RCWP est un mouvement progressiste qui devrait permettre à tous l’accès aux ministères ordonnés, sans distinction de genre, d’orientation sexuelle ou d’érudition.  Les ministères ordonnés sont un don très saint offert gracieusement par Dieu pour l’édification de son peuple.  C’est Lui qui appelle et qui envoie.  Il choisit qui Il veut, en regardant le cœur de la personne, pas ses diplômes.  C’est une chose d’être docteur(e) et enseignant(e), une bonne chose, nécessaire au peuple de Dieu (ici les diplômes peuvent avoir de l’importance, quoique l’on sache bien que Dieu est capable de distiller sa Science et sa Sagesse dans une âme, directement et sans intermédiaire).  C’est autre chose d’être berger(ère) ou prêtre.  Le rôle du prêtre ou du (de la) berger(ère) n’est pas tant d’enseigner – sinon les vérités fondamentales de la foi ou kérigme – mais plutôt de rassembler en montrant l’exemple, en encourageant, en reprenant, en exhortant.  Le rôle du (de la) prêtre est comparable à celui du père ou de la mère de famille : il (elle) doit aimer, veiller avec bonté sur les siens, pourvoir à leurs besoins et corriger leurs mauvaises tendances qui pourraient nuire à leur épanouissement et à celui des autres.  La transmission de l’érudition et de la connaissance n’est pas son rôle propre mais celui du professeur d’école.

             Nous croyons et affirmons avec force qu’il serait erroné et suicidaire pour le RCWP de n’ordonner que des intellectuels en exigeant – comme le fait l’Église catholique de Rome – que tous les ordinands détiennent une maîtrise en théologie.  Nous croyons qu’il s’agit là d’une ségrégation basée sur les capacités intellectuelles et sur le milieu social d’où sont issus les candidat(e)s.

             Fort heureusement pour le bien de l’humanité, notre Créateur a bâti des cerveaux de plusieurs types : certains sont brillament doués pour les activités manuelles et se servent génialement de leur talent pour bâtir le règne de Dieu sur la terre.  D’autres ont des compétences techniques remarquables et deviendront ingénieurs, chefs d’entreprises, inventeurs, etc, pour le plus grand bien de l’humanité.  D’autres ont reçu un cerveau capable de remarquables gymnastiques intellectuelles et d’une capacité de connexion hors du commun; selon que leur hémisphère gauche ou droit est le plus développé, ils deviendront artistes, musiciens, philosophes, théologiens, chercheurs, scientifiques ou docteurs.  Fort heureusement également, Dieu appelle des prêtres dans toutes les catégories de cerveau de capacité moyenne ou supérieure, que leur force soit manuelle, technique ou intellectuelle.  Il faut des bergers (ères) attirant(e)s et signifiant(e)s pour chaque type de personnes.  Il est aussi vrai d’affirmer que les gens plus manuels ne seront pas attirés par un(e) prêtre intellectuel(le) que d’affirmer qu’une personne intellectuelle ne sera pas attirée par un(e) prêtre non érudit(e).   Il est nécessaire pour le peuple de Dieu  d’avoir des prêtres issus de toutes les couches sociales et ayant des types d’intelligence variés, technique, manuelle ou intellectuelle.  Si le RCWP devient un bastion d’intellectuel(le)s, il sera vite déconnecté des préoccupations quotidiennes des classes pauvres et moyennes et perdra tout impact signifiant dans nos sociétés.

             Qu’est ce qu’un(e) ministre ordonné, prêtre, diacre ou évêque?   Jésus n’a ordonné personne, mais il a choisi douze personnes parmi ses disciples pour leur confier particulièrement la transmission de son enseignement (kérigme) et le témoignage de leur foi en Lui : ils sont des piliers dans Sa Maison, par la force de leur FOI, l’ardeur de leur CHARITÉ et la constance de leur ESPÉRANCE.  Il fait d’eux, ni plus ni moins, les gardiens de leurs frères.  Telle est leur seule autorité : ils doivent veiller sur le troupeau du Christ et auront à rendre compte de ceux qui leurs sont confiés.  Pour le reste de leur mission, diacres, prêtres, ou évêques – tous apôtres – sont envoyés au même titre que les autres disciples de Jésus dont la mission est de proclamer la joie du règne du Christ, de guérir les maladies spirituelles, de ressusciter ceux que le péché a terrassés et de partager le Pain de Vie aux affamés.  « Ceux que Dieu a établi dans l’Église sont premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement les docteurs. » 1 Co 12, 28

                Comment préparer un ministre ordonné à être un bon ministre?  Jésus a préparé ses apôtres en se les attachant, point à la ligne.  « Venez et voyez » a t’il répondu aux premiers qui ont reconnu en Lui un maître et qui ont voulu apprendre de Lui (Jean 1,39).  « Voyez qui je suis, voyez mes œuvres ».  Son but premier n’était donc pas de les enseigner, sinon il aurait dit : « Venez et écoutez ».  Les premiers apôtres cherchaient un maître, donc un enseignant, mais Jésus ne voulait pas tant les enseigner que de leur faire vivre une expérience de Dieu en sa compagnie.  Il veut leur faire voir et goûter que le règne de Dieu se réalise en Lui et à travers Lui.  Il veut qu’ils se réjouissent au contact de Dieu et qu’ils aillent ensuite annoncer cette joie aux autres.  Pendant trois ans, Jésus a amené ses disciples et apôtres à contempler : il leur parlait de Dieu et des réalités spirituelles par des images toutes simples tirées du quotidien, élevant ainsi leur âme du créé vers l’invisible; il leur a fait toucher sa divinité par des actes de grande miséricorde et par des actions remarquables prouvant sa maîtrise sur les éléments et les puissances ; il les a transportés aux sommets spirituels par sa transfiguration et ses apparitions comme ressuscité.  Puis, alors qu’ils étaient en prière, il les a tous remplis de son Esprit Saint, par une effusion d’amour qui les profondément transformés.

             Voilà comment Jésus a préparé ses apôtres à leur ministère.  Il les a également formés en les envoyant pour des missions expérimentales tout au cours de leur séjour avec Lui.   Pouvons-nous imaginer former des apôtres en empruntant d’autres voies?  Les docteur(e)s en théologie se forment à l’université.  Les diacres, prêtres et évêques se forment à l’école du Christ, dans la prière, la méditation des écritures saintes, la vie ecclésiale et la pratique de l’apostolat.   Nous concédons qu’ils devraient généralement avoir au minimum l’équivalent d’un an d’études universitaires en théologie afin d’acquérir les outils intellectuels de base nécessaires pour communiquer les vérités de la foi à toutes les catégories de personnes, intellectuelles y compris.

            Mais que peut signifier, dans le concret, se former à l’école du Christ?  Jésus a dit : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11,29).   Ici encore, on aurait pu s’attendre à ce qu’un maître vante plutôt ses qualités intellectuelles et sa science afin d’inciter les élèves à se mettre à son école.  Mais tel n’est pas le cas de Jésus.  Il insiste plutôt sur ses qualités de cœur, invitant ses disciples à venir apprendre de Lui.  C’est l’être spirituel qu’Il veut former en ceux qu’Il envoie, unifiant pensée, affectivité et corporéité en un tout harmonieux et équilibré.  Voilà donc ce que doit intégrer un(e) ordinand(e) à l’école du Christ : il doit être guidé de manière à devenir un être spirituel, c’est à dire un être pensant, aimant et agissant à la manière du Christ.  Ce ne sont certainement pas des choses qu’on apprend actuellement dans les universités!

             Le grand défi actuel du RCWP est donc de former ses candidat(e)s de façon intégrale et crédible pour notre temps.  Particulièrement ici au Québec, ce n’est très certainement pas des diplômes et de grandes théories théologiques qui vont ouvrir le cœurs à l’accueil du Christ.  Seul(e)s des témoins brûlés par l’Amour de Dieu pourront ouvrir le cœur de ce peuple profondément blessé par un cléricalisme outrancieux et par l’abus de pouvoir de l’institution catholique, subi dans un passé trop récent encore.

 

Bonjour, Johane et Jean,

Certaines exigences sont incontournables. Il n’est pas question d’ordonner les personnes qui n’ont pas fait l’équivalent d’une maîtrise en théologie (ou le Bac pour les personnes âgées de plus de 55 ans). Pour tout résumer, Patricia n’acceptera pas de vous ordonner au sacerdoce avant que vos études théologiques soient terminées. C’est une question de crédibilité pour le mouvement RCWP.

À la réunion où il a été question des candidates et candidats canadiens, j’ai apporté vos relevés de notes, j’ai parlé des cours que vous aviez suivis comme auditeurs libres chez les Dominicains. Le dossier universitaire est incomplet. Michele, Patricia et moi sommes d’accord que nous ne pouvons faire d’exception dans votre cas. Ni votre apostolat, ni votre manière de vivre l’Évangile, ni votre spiritualité ne sont en cause – nous avons toutes les trois été très impressionnées par la qualité de votre engagement à suivre Jésus Christ. Vous n’en êtes peut-être pas convaincus, mais il faut une formation théologique (intellectuelle, spirituelle et psychologique) solide afin de pouvoir « rendre compte de l’espérance qui nous habite ». Même les Petits Frères de Jésus, qui sont prêtres et qui travaillent auprès des plus démunis, ont fait des études théologiques, souvent très poussés. (C’est pour dire que la formation intellectuelle n’empêche pas de tenir le même langage que les pauvres…)

Alors, comment aller de l’avant? Voici ce que je vous propose, suite à mon entretien avec Michele et Patricia. Il s’agirait donc pour toi, Johane, qui aspire au sacerdoce, de poursuivre tes études et de reprendre les unités de préparation seulement lorsque les cours universitaires seront complétés. Il n’y a pas vraiment de limite de temps pour le diaconat transitionnel.

J’espère que tu n’abandonneras pas, Johane. Ça peut paraître très long, mais souviens-toi que certaines d’entre nous ont attendu 40 ans, plusieurs d’entre nous sommes plus âgées que toi déjà… dont moi, ordonnée à 66 ans!

J’attends de tes nouvelles et je tiens à t’assurer que je te porte dans ma prière. De tout cœur,  Marie

 

15 novembre 2007 06:50

Bonjour Marie,

Je me sens trompée dans la confiance que j’avais mise dans le RCWP. Votre décision nous semble bien déconnectée de notre réalité…  Puisque je ne peux suivre qu’un cours par session, si je ne prends aucune vacances, j’aurai terminé ma maîtrise dans plus ou moins 14 ans!  S’agit-il d’une décision irrévocable ou si notre cause peut-être portée en appel?

Johane Filiatrault

 

Bonjours, Johane,

Je comprends très bien ta déception, mais ça ne change pas la réalité plus grande dont doivent tenir compte celles qui sont responsables d’assurer la crédibilité des personnes ordonnées dans le RCWP. Ce n’est jamais de gaieté de cœur qu’on demande aux candidates de mettre leur rêve de prêtrise en veilleuse le temps de se donner la formation requise.

J’espère, comme je le soulignais dans ma lettre, que tu ne perdras pas courage, Johane. N’oubliez pas que vous êtes déjà ordonnés diacres et c’est loin d’être rien.

Unie avec vous dans l’apostolat et la prière,

Marie  16-11-07 14:53

Les étapes du cheminement sacerdotal de Jean

(Échange de courriers entre les responsables du RCWP et Jean)

Mrs Fresen (Mrs Fresen est Femme évêque du RCWP),
You receive from my wife, Johane Filiatrault, few days ago an email concerning our interest about this new mouvement in Catholic Church and the possibility for a married couple to accede to priesthood. On friday night Mrs Michele Birch-Conery from British-Columbia gave us a phone call to give us information about the procedure. After explaining Johane what was the process for the women, Mrs Birch-Conery recommanded me to contact you in order to verify if the procedure for men was the same and who would be the person accompanying me through the process. For Johane and I it would be concidered as a grace from God if we could make the steps together but we would accept any ways you would propose to both of us.
Expecting news from you soon.
Jean Beauchemin  2006 02 26

 

Dear Mr. Beauchemin,

Thank you for writing to me in English.  You are very welcome to apply for our Programme and it seems best to me that you and your wife should move through the Programme together as a married couple.  The procedure for men is the same as for women.  Yes, it would be wonderful if you and Johane could go through the process together  –  and eventually be ordained together.  If Dr. Birch-Conery is willing to accompany you both through the process, I will be very happy. …

I consider it a grace from God to have a married couple applying for the Programme.  Perhaps I will be able to meet you both when I am in Sudbury at the beginning of August.  Michele will give you the details.

Loving greetings,
Patricia Fresen  2006 02 27

 

April 1/07

Dear Jean,

Thankyou for your letter of request for ordination to the diaconate on May 19.07. Our Bishops Dr Patricia Fresen,

Dr. Gisela Forster and Dr. Ida Raming accept your clear desire and your readiness for ordination.

Your letter expressing deep faith  andyour willingness to be present to the poor, especially, in Servant Leadership reveals a genuine call. undertaken through free will.

Thankyou for coming forward to be with us in the growing community of RCWP as we work together for renewal and equality in justice in our RC Church.

Yours in the Christ who serves us and calls us to service,

Sincerely,

Dr. Michele Birch-Conery, Program Co-Ordinator,Temporary Regional Administrator, RCWP/Canada

 

Jeudi 23 août 2007 08:27

To: Marie Bouclin (Femme prêtre ontarienne du RCWP)

Subject: Notre rencontre avec l’évêque

Bonjour Marie,

Comme promis, je te raconte notre invitation chez l’évêque que nous avons reçue par la poste en juin :  « Il y a déjà plusieurs semaines, vous m’invitiez à la célébration du 19 mai (ordination diaconale de Johane et Jean) qui devait se dérouler à votre domicile.  C’est une belle délicatesse de votre part…  Je prends l’initiative de vous inviter chez-moi pour échanger avec vous sur cette expérience.  Dans un climat de dialogue j’aimerais vous entendre sur votre cheminement…  Dans l’espoir de vous rencontrer, je vous assure de mon amitié « dans la tendresse du Christ ».

La rencontre avec lui (le 26 juin) s’est déroulée sereinement et le ton est resté poli, mais,après nous avoir entendu, il nous a mis en garde d’entrer dans des voies sectaires ou de tomber dans l’illuminisme.  Il nous a rappelé que le RCWP n’est pas en communion avec Rome (vu du point de vue de Rome!) et nous a fait part que si nous persévérions dans cette voie, nous risquions l’excommunication (ça nous le savions déjà!).  Nous lui avons répondu que pour notre part, nous demeurions en communion avec toutes les Églises, dans une pratique sincèrement oecuménique, et que justement, notre ministère serait de transmettre l’enseignement que nous avons reçu comme catholiques, que nous avons goûtés comme bon et vrai et que nous voulons répandre à notre tour comme le don le plus précieux reçu de notre Mère Église.  Il nous a dit que c’était risqué de nous détacher du tronc qu’est l’Église.  Je lui ai répondu que, selon les Écritures, c’est plutôt le Christ qui est le tronc, la vigne; et que l’Église – nous inclus – en sommes les sarments (aussi nombreux et diversifiés puissions-nous être).  Je lui ai dit que nous nous sentions profondément branché sur le Christ et que nous ne nous sentions pas du tout en danger de le perdre.

C’est désolant de constater qu’un évêque place ainsi l’Église à la place du Christ.  Encore plus désolant de lire le dernier document de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur « certains aspects de la doctrine sur l’Église » publié le 10 juillet dernier où on affirme que  l’Église du Christ subsiste uniquement dans l’Église catholique. En entendant cela, on  a  plutôt l’impression que c’est l’Église catholique qui se sectarise, et non pas nous!

Nous sommes donc sortis souriants de la rencontre avec l’évêque, avec l’impression qu’il avait – au moins autant que nous – besoin d’être évangélisé!

Cordialement,

Jean Beauchemin

 

Cher Jean, chère Johane,

Je vous félicite d’avoir eu le courage de dire la vérité à votre évêque. C’est une chose que je n’ai pas faite et à laquelle je vais réfléchir et prier. Je vous embrasse de tout cœur, et vous assure de toute ma solidarité dans le Christ,

Marie

 

(Parcours vers le sacerdoce – Unités d’apprentissage) 

Unité 1 « Je me tiens devant Toi les mains vides, au début du chemin » Par Jean Beauchemin

1.  Pensez à une personne de la Bible qui s’est tenue devant Dieu les mains vides…

Je pense aux femmes de la Bible en général, elles qui sont sans pouvoir, sans voix; elles qui ne sont – dans la considération de leur époque – que des outils de travail, des « meubles », des possessions, plutôt que des personnes à part entière.

L’intervention du Christ auprès d’elle en fait des personnes entières, considérables en soi. Il est le premier féministe.  Il confie aux femmes un rôle de témoins, au même titre que les hommes.

En ce sens, Marie-Madeleine est le chef de file des femmes témoins.  Elle représente la femme audacieuse qui transgresse les règles établies de son époque, en ce qui a trait au rôle attribué aux femmes.  Elle est la femme qui se rebelle contre ces règles. C’est l’amour qu’elle porte au Christ – à Dieu – qui la pousse au dépassement des règles établies et de ses propres limites.

Après sa résurrection – et donc après avoir dépassé les règles et contingences humaines, le Christ l’enverra la première, ouvrant ainsi la porte à un nouvel ordre des choses.  Il place ainsi une femme en premier – comme la lampe sur le lampadaire – parce que Marie Madeleine, comme les femmes en général, est passée maître dans l’art de l’humilité, du service, et de l’amour du petit, toutes choses que le Christ a placé en avant dans son Royaume.

Je me sens un peu comme elle dans ma foi : peu considérable, sans grande valeur, ayant eu une jeunesse assez dissolue, avec peu d’estime de moi-même, plutôt rebelle.  Mes relations étaient des gens humbles, sans reconnaissance sociale.  Les gens qui s’attachaient à moi étaient des marginaux, des laissés pour compte, des petits.  Ceux-là se confient spontanément à moi, comme à un des leurs.  Ils se sentent accueillis, écoutés, respectés.  C’est donc dans ma propre fragilité que je rejoins les gens fragiles, et que je peux être pour eux un témoin du Christ.

2.  Vos attentes en ce qui concerne le programme de formation

-Que le programme soit souple de sorte qu’on n’ait pas à entrer dans des formules pré-établies et immuables qui auraient pour rôle de juger de l’appel au sacerdoce de chacun.

-Qu’on discerne selon les charismes de chacun(e) dans quel type de ministère il ou elle doit se donner.  Non pas l’inverse où les prêtres seraient tenus de s’adapter aux types de ministères qui répondent aux besoins de l’institution.

-Que, femmes et hommes prêtres, nous soyons enfin unis dans nos diversités.

3.  Mise au point sur mon parcours personnel vers la prêtrise

Comme je le disais plus haut, j’ai toujours attiré autour de moi les plus humbles et les rejetés. J’ai une personnalité qui les attire, ou, du moins, qui ne les repousse pas.  Ils viennent spontanément vers moi – femmes, enfants, personnes victimes d’abus ou atteintes de maladies mentales, personnes ayant des problèmes de consommation diverse.

J’ai moi-même vécu une enfance et une adolescence très bouleversées, avec des pensées suicidaires, et des habitudes de consommation, jusqu’au début de ma vie d’adulte où je me suis ouvert à une quête spirituelle.  Mes parents étaient très croyants, très engagés dans le mouvement charismatique puis dans la communauté du Désert de Gérard Marier.  Moi je rejetais violemment l’Église et ses faux-semblants, en même temps que la foi en Dieu qui me semblait être un outil habilement manigancé pour endormir les masses.

C’est l’intervention du Christ dans ma vie qui m’a sauvé, d’abord par des songes puis par des voix intérieures.  J’ai alors progressivement centré ma vie sur Lui et remis en place les morceaux de ma vie.  La voix intérieure m’a appris à maîtriser mon esprit et mon corps, m’a continuellement invité à la prière et m’a fait entrer dans l’intimité divine.  Vers l’âge de 30 ans, dans un songe, je me suis vu ordonné prêtre par Dieu.  À cette époque-là – j’étais encore célibataire –  ma mère et certains de mes frères m’ont questionné sur une éventuelle vocation de prêtre en me demandant si j’y avais songé.

À cette époque également, un ami m’a invité à me rendre à une rencontre avec l’évêque de mon diocèse qui avait invité à sa table les jeunes hommes qui se sentaient appelés au sacerdoce – ou que leur entourage percevait comme appelés.  Après le visionnement d’un film sur la vie du pape où on nous montrait surtout les fresques du plafond de la chapelle Sixtine et la vie luxueuse de Castel Gondolfo, j’avais émis le commentaire, devant l’évêque et tout le groupe, que j’aurais préféré qu’on nous montre la vie apostolique du pape plutôt que l’apparat qui l’entoure.  On ne m’a jamais rappelé pour poursuivre la démarche vers le sacerdoce…

J’ai pensé que je devais être appelé ailleurs.  J’ai d’ailleurs rencontré celle qui allait devenir mon épouse quelques temps plus tard. Aujourd’hui, je me questionne toujours sur cet appel de Dieu.  L’an dernier, mon épouse et moi avons fait une approche auprès de l’Église anglicane pour voir si nous pouvions y concrétiser notre appel au sacerdoce.  Mais nous avons réalisé que nous sommes trop profondément catholiques pour être à l’aise comme prêtres d’une autre confessionnalité, malgré le fait que nous sommes aussi profondément œcuméniques.

Il reste la possibilité du sacerdoce à travers votre mouvement.  Il me reste également des questions…  Suis-je vraiment appelé à vivre un sacerdoce ministériel ?  Peut-être que Dieu m’appelle à un sacerdoce spirituel seulement ?  Est-ce que les personnes du mouvement pour le sacerdoce des femmes reconnaîtront en moi un appel au ministère sacerdotal ?   Suis-je à ma place dans ce mouvement ?

Je laisse le tout à votre discernement, prêt à collaborer entièrement dans la ligne de ce discernement.

Unité 2 – «Prophète par la force du Baptême» Par Jean Beauchemin

2.4 – Baptême d’eau : le symbolisme et la signification de l’eau dans la vie quotidienne et dans la liturgie

Il y a une proximité entre l’eau et la vie.  Les sciences ont démontré que l’élément principal pour qu’il y ait présence de vie, c’est qu’il y ait présence d’eau.  C’est d’ailleurs pour cela que les scientifiques cherchent l’eau sur les autres planètes : s’il y a de l’eau, il y aura des micro-organismes et à partir de là, tout le processus évolutif est possible.  On pourrait y ajouter la lumière – qui est un élément tout aussi essentiel à la vie.

Tous les êtres vivants naissent de l’eau, même la germination du grain est provoquée par l’eau.  Un des éléments fascinants chez l’être humain comme dans d’autres formes de vie, c’est que placé dans l’eau, l’embryon passera par toutes les étapes évolutives, passant de l’unicellulaire au protozoaire, puis à un stade où il ressemble à un têtard ou à un poisson.  Peu à peu, il se transformera et évoluera vers son stade final humain.  Ainsi chaque nouvelle vie est en quelque sorte le recommencement du monde.  Dans toutes les phases de son évolution, le foetus est toujours enveloppé d’eau; son corps, tout son être est immergé.

Le baptême, c’est la traversée symbolique de cette masse d’eau pour naître à la vie spirituelle.  Par la volonté des gens qui l’entourent, l’enfant intègre, pénètre la vie spirituelle.  Le baptême pourrait même être donné au moment de la naissance puisqu’il s’agit d’un moment qui marque l’intégration à la vie spirituelle.

 « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?»  Jn 9,2

«Comme en effet, par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle constituée juste. »  Rm 5,19

Dans le processus d’enfantement, si on est lié par la faute, on l’est aussi par la grâce. Si on peut, par la prière et l’action de grâce, avoir une influence sur la vie des autres, on peut obtenir pour l’enfant l’action de l’Esprit, amener sur lui la grâce divine.

« Tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l’obtiendrez. » Mt 21,22

Dès avant sa naissance, l’être profond est déjà en lien avec Dieu – puisqu’un fœtus peut – dans le sein de sa mère – manifester sa joie et sa plénitude en présence de Dieu.

Le baptême est le moment qui marque le désir d’entrer dans la relation à Dieu.  D’abord marqué par la volonté de ceux qui amènent l’enfant, ce désir là se traduira à travers l’éducation qu’on lui donnera et amènera l’enfant à désirer à son tour la rencontre avec Dieu.  Au départ, c’est au niveau du subconscient puisque l’enfant naît avec une connaissance inconsciente de Dieu.  Le but est d’amener son inconscient au désir conscient de la rencontre de Dieu.

L’eau, c’est la jonction entre l’humain et le divin qui nous habite, entre l’existence et la non-existence.  Dans la bible, Jésus dit :

«À moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.» Jn 3, 5

Le baptême est aussi un passage.  Il peut être donné à n’importe qui.  Par mon désir de lui faire connaître le Christ, la Trinité, l’enfant est déjà pénétré par ce désir qui fait parti de sa vie.  Ce n’est pas qu’une notion spirituelle, mais c’est profondément lié à notre  incarnation.  L’eau réfère à notre incarnation – et il nous faut apprendre à habiter notre incarnation; il faut avec son corps et son esprit agir en fonction de la connaissance de Dieu.  Comme l’eau et la vie quotidienne sont liés, le corps et l’esprit sont liés. Dans une démarche volontaire, l’être humain doit mener son corps et son esprit à rencontrer Dieu dans l’autre.  C’est là l’exercice le plus difficile d’une vie, mais aussi le plus fécond – celui qui nous lie, avec l’autre, à Dieu.

2.2 – Prophète et prophétesse par la force du baptême : la prophétie dans notre Église aujourd’hui

Puisqu’on reçoit au baptême la vocation de prêtre, prophète et roi, nos proches et ensuite nous-même, portons la responsabilité de la réalisation du plan de Dieu sur nous.  À la mesure propre à chaque individu, il faut apprendre à assumer la charge de faire connaître Dieu au monde.  Parmi les baptisés, Dieu en appelle un certain nombre à une responsabilité plus grande – comme dans la parabole des talents où certains s’en voient confier plus que d’autres (cf Mt 25,14).  On doit donc apprendre à être prophète à la mesure du projet de Dieu sur nous.

Au moment du baptême, les proches n’ont aucune idée précise de ce à quoi le baptisé sera appelé.  Alors on donne à tous sensiblement le même bagage de départ.  On les éduquera sur qui est Dieu, sur ce qui est bien ou mal, sur qui est Jésus, de sorte que l’enfant puisse par lui-même, on l’espère, découvrir ce que Dieu attend de lui.  L’enfant doit, à l’intérieur d’une famille d’appartenance, chercher Dieu.  Certains le font avec plus d’enthousiasme, d’autres par des voies parfois chaotiques, mais le Créateur est toujours à l’écoute.  Si le baptisé cherche dans l’espérance à trouver l’absolu qu’est le Créateur, Dieu répondra à la mesure dont l’individu, volontairement, désire cette rencontre.  Ce qui m’amènerait à citer la parole entendue par le Christ à son baptême :

« Celui-ci est mon fils, mon aimé en qui j’ai mis toute ma faveur»  Mt 3,17

Depuis l’origine, l’appel que l’Église fait au moment du baptême invite l’Esprit Saint à nous habiter.  C’est ce qui a donné la vie à l’Église à travers l’histoire.  L’Esprit Saint a permis que les premiers apôtres comprennent le message global du Christ.  Puis au cours des siècles, les pères de l’Église, les grands spirituels et les mystiques ont continué à démystifier la révélation du Christ sur notre Père, sur son Père.  Cette réflexion a fait en sorte que d’un groupe restreint assez unifié, on a vécu une confrontation des idées, des schismes de toutes sortes puis dans le dernier siècle, une reconnaissance œcuménique ou la conclusion d’une proximité entre chrétiens qui nous fait peut-être plus unis que l’on ne l’a été depuis les origines.  Notre espérance est grande que dans un avenir rapproché, les grandes familles chrétiennes se reconnaîtront dans leur diversité, unis dans la foi au Christ, frères et sœurs sous le regard de Dieu.

Les baptisés de ce temps sont donc plus que jamais interpellés à redonner l’espérance à un monde profondément bouleversé qui connaît si mal son Créateur qu’il puisse(semble pouvoir) aimer la mort plus que la vie – à preuve la tuerie du Collège Dawson.  Il faut rappeler au monde que ces choses devaient arriver ; que ce temps de chaos avait été prédit mais qu’il précède les plus beaux moments de l’histoire humaine qui ont aussi été annoncés.  Il faut rappeler qu’au passage du millénaire, toutes les spiritualités du monde prédisaient un changement radical d’une ère vers une autre, meilleure.  Même si nous traversons un temps d’une grande violence, partout des gens ouvrent leur cœur aux autres et manifestent pour la paix. On sent que le monde a soif, plus que jamais, d’une paix mondiale.  Les communications nous permettent d’être unis dans cette quête et ce sont là les fondements d’une Église nouvelle, unie dans l’amour de Dieu au-delà de nos différences.

« Lorsque vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne vous effrayez pas; car il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas de sitôt la fin. »  Luc 21,9

« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là… apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. »  Mt 24,29-30

Un pour tous et tous pour un!

Par Johane Filiatrault – Le 12 février 2003

Chacun pour soi…  Il est alarmant de constater combien cette mentalité moderne fait des progrès en occident.  Serait-ce un signe de l’évolution de l’espèce?  On sait en effet que, dans les sociétés primitives, la seule chance de survie se trouvait dans l’appartenance à un groupe fort et que l’individu n’avait de valeur que dans sa capacité à travailler à cette survie de l’ensemble :  Un pour tous!   Et voici que notre monde moderne se trouve à l’extrême opposé de ce concept : le bien-être individuel est premier dans l’ordre des valeurs.  Les institutions sociales sont perçues comme étant au service de la personne.  Le centre de référence est le «je» et non plus le «nous».  Mauvais?  Pas du tout!  À condition de ne pas glisser dans le piège du «chacun pour soi». Quand on est témoin de belles initiatives comme les téléthons ou les entreprises de sauvetage à grand déploiement où plusieurs personnes se mobilisent pour sauver la vie d’un individu malade ou en danger de mort, c’est comme si on voyait vivre sous nos yeux la 2e partie de la magnifique devise des 3 mousquetaires :  Tous pour un!   Même les entrepreneurs ont compris (de gré ou de force!) que le succès de leur entreprise dépendait du bien-être individuel de leurs employés.  Mais faudrait quand même pas charrier et tomber dans l’excès opposé : on voit actuellement, me semble t’il, trop de syndicats qui abusent de leur employeur!

Curieusement, parmi toutes les institutions modernes, c’est, je crois, l’institution ecclésiale qui a le plus de mal à faire ce passage du groupe à l’individu.  Tout se passe encore comme si être en Église consistait à perdre son identité propre pour adhérer à un système commun de pensée et d’agir.  Pas étonnant que les deux dernières générations aient déserté la barque!  Et n’allez surtout pas conclure que c’est parce que les gens n’ont plus la foi :  rien n’est plus faux.  L’Église se cherche actuellement, à coup de colloques diocésains et autres réunions du genre… qui n’ont que très peu remis en question la façon de faire Église et n’ont souvent changé que des façades ou des slogans.  Des faits?  Je connais une enfant de 5 ans qui manifestait depuis longtemps un grand désir de communier; le curé consulté lui a demandé d’attendre pour qu’elle fasse sa première communion avec les autres enfants de son âge, en 3e année – c’est long pour une petite fille (pire, depuis ce temps, la première communion a été repoussée en 4e année)!  J’ai pourtant été témoin de suffisamment de premières communions et de confirmations pour vous dire que plusieurs enfants qui reçoivent ces sacrements ont peut-être l’âge de le faire mais ce n’est vraiment pas évident qu’ils en ont le désir profond!  L’âge a t’il quelque rapport avec le désir de Dieu?  Poser un geste en groupe a t’il plus de valeur que de le poser personnellement?

Le mot «Église» vient du grec EKKLESIA qui signifie «assemblée».  À quand de véritables assemblées de croyants où chacun pourra exprimer en profondeur sa propre quête spirituelle et trouver nourriture pour son âme?  L’Église n’est pas une institution hiérarchique mais une expérience à vivre : celle de la communion aux autres et à l’Absolu.  Cela n’enlève rien au fait qu’elle ait besoin d’un pasteur visible.  Créons ou encourageons des lieux de fraternité et d’entraide où l’individu est aimé et respecté :  c’est là que se vit l’Église, là où on expérimente comme il est bon et doux d’être ensemble, unis les uns aux autres.  Il restera quand même un grand bonheur à se retrouver tous en Église pour fêter ensemble, en Sa Présence, la joie d’être enfants et aimés de Dieu : c’est d’ailleurs à cela, entre autres, que s’adonnent allègrement pour l’éternité ceux qui sont déjà passés dans l’autre Vie!  Ils sont heureux ceux qui goûtent cette joie dès ici-bas.  Encore faut-il que ce soit l’Amour qui nous mène célébrer en Église.  Tout autre motif est vain; car ce n’est pas celui qui dit «Seigneur, Seigneur» qui entrera dans le bonheur mais celui qui aime en vérité.