Au commencement, l’homme et la femme étaient nus; et cet état d’innocence l’un face à l’autre leur faisait sûrement goûter une joie très appréciée puisque c’est à regret qu’ils l’ont quittée… Et n’allez surtout pas me dire que, le fruit défendu, c’était le plaisir sexuel! (Plusieurs le pensent!) De ce fruit-là (délicieux!), ils s’en étaient sûrement déjà beaucoup nourris – et avec la bénédiction divine encore! Leur transgression était toute autre, et loin du domaine du plaisir amoureux : il s’agissait d’une volonté orgueilleuse de s’arroger le droit de décider de ce qui est bien ou mal à partir de leur propre interprétation, sans référence à l’ordre inscrit dans la nature même des êtres et des choses. Une toute autre faute, à vrai dire, et qui origine autant dans l’humain mâle que dans l’humain femelle.
Mais alors pourquoi les « religions » s’acharnent-elles à pointer du doigt le plaisir (et la femme!) comme la source de tous les maux ? Pourquoi cherchent-elles à faire taire le désir, à régir sévèrement les rapports amoureux ou à faire disparaître sous des habits austères le charme féminin? Dans certaines religions, s’abstenir du plaisir sexuel est présenté comme le sommet de l’expérience spirituelle! Alors que… qui aime beaucoup un compagnon (une compagne) de vie dans un corps à corps libre, fidèle et joyeux, peut clamer au contraire que l’amour physique respectueux éveille au spirituel et y mène tout droit. Quel est ce mensonge qu’on véhicule depuis des millénaires impunément et qui autorise les hommes » par décret divin » à soumettre durement la femme, coupable selon eux d’avoir entraîné l’humanité dans la faute par son rôle de tentatrice? Tant que les Écritures n’ont été interprétées que par des hommes mâles, ils ont eu beau jeu de propager ces sottises, mais leur règne achève, heureusement! Ils sont désormais obligés de partager le pouvoir avec les femmes et c’est là le plus grand bienfait survenu pour l’humanité depuis ses origines.
Quand je verrai l’homme (bouddhiste, chrétien, musulman ou de tout autre spiritualité) traiter avec amour celle qui partage sa couche, quand je le verrai consentir amoureusement à tout partager équitablement avec elle – travaux de la maison, soin des enfants, compétence et éducation, rémunération, droits et devoirs, responsabilités et décisions, plaisirs et libertés – alors je croirai en l’homme mâle. Alors, je serai prête à entendre les prédications qu’il voudrait encore me faire… Sauf qu’alors, l’homme aura perdu le goût de prêcher! Seul a envie de prêcher celui ou celle qui se croit posséder quelque vérité supérieure, celui ou celle qui se perçoit au-dessus de l’autre par quelque volonté divine. L’être humble, celui ou celle qui a pris conscience de sa véritable nature (qui n’est heureusement pas divine!), celui-là ou celle-là cherchera plutôt à être le frère ou la sœur de tous, non pas le maître, le gourou ou le (la) shaman.
Celui qui se soumet la femme est semblable au diable « dans sa fureur contre elle » (Apocalypse12,17). Il travaille contre l’avènement du monde nouveau – qui se réalise tout particulièrement dans la manifestation de la grandeur et de la dignité de la femme et de l’Agneau (lire l’avant dernier chapitre de l’Apocalypse). Ce monde nouveau adviendra pour vous, homme, quand vous serez devenu tel l’agneau, doux et humble et tendre. Il adviendra quand votre femme sera fière de vous appartenir, profondément heureuse et pacifiée grâce à votre respect et à vos bons soins; il adviendra quand elle trouvera son plaisir en vous. C’est tout simple.
Les religions tendent à placer la femme dans un rôle de subalterne. Au commencement, pourtant, quand fut créée la femme, elle fut proclamée « aide » de l’homme. Or « à l’aide de » ma femme et « grâce à » ma femme sont deux expressions synonymes : à méditer… Il faudra que disparaissent les institutions religieuses et leurs castes mâles pour qu’advienne ce monde de Paix tant souhaité et tant appelé; et il nous faudra réapprendre à vivre « nus », l’un(e) devant l’autre; nus, c’est-à-dire sans armes mâles et sans armures féminines.
Complément pour les adhérents du christianisme :
Jésus, le premier, a enseigné ces choses; par son exemple. Il parlait aux femmes comme à ses égales, il a pris leur place pour laver les pieds de ses disciples (le lavement des pieds était une tâche liée à l’hospitalité qui incombait habituellement aux serviteurs ou aux femmes (1Tim 5,10)), il s’est confié à elles dans deux des temps les plus importants de son existence :
- C’est l’intervention de sa mère, Marie, qui a provoqué le début de sa vie publique
- Une fois sorti du tombeau, c’est à Marie-Madeleine qu’il confie la première tâche sacerdotale, celle d’aller annoncer sa résurrection aux apôtres
Jésus traitait les femmes comme ses égales… Il y a de cela deux mille ans!!! Et il a souligné l’endurcissement – la sclérose – du cœur des hommes mâles de son temps (Mathieu 19,8; Marc 10,5). Que dirait-t-il du cœur des hommes d’aujourd’hui?