Travail de missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault, le 9 novembre 2007
Si vous aviez à désigner aujourd’hui les destinataires de la mission, quels groupes devraient figurer dans cette catégorie?
Selon nous, à partir du moment où toute notre vie doit être imprégnée de sa vocation missionnaire, notre rôle missionnaire se réalise auprès de toute personne que l’on côtoie, quel que soit son cheminement spirituel. Un enfant ne peut-il pas, sans même en prendre conscience, avoir un rôle missionnaire auprès d’un évêque par exemple, en l’interpellant sur une compréhension nouvelle d’un ou l’autre aspect de Dieu? Si tel est le cas, la mission va au-delà de la conscience qu’on a d’y participer.
D’autre part, le destinataire de la mission, c’est moi comme l’autre. En ce sens que la personne qui reçoit mon témoignage et en est édifiée, m’édifie également par l’écoute ou la réceptivité qu’elle m’accorde, me faisant ainsi grandir à son tour. Advenant le cas où elle ne recevrait pas mon témoignage, elle m’édifie d’une autre manière parce que l’opposition m’oblige à mieux préciser ma compréhension et à adapter mes moyens d’expression à la réalité de l’autre afin qu’elle puisse dorénavant mieux recevoir mon message.
Pour ce qui est des groupes cibles, ils varient selon la personnalité et la situation sociale du missionnaire. À cause de son vécu propre, de sa situation géographique, économique, civile, chacun a des sensibilités particulières envers des groupes de personnes ayant des besoins spirituels divers – sensibilités qu’on définit comme un appel personnel. Pour notre part, notre sensibilité va vers ceux et celles qui sont « très distants », des personnes indifférentes ou rébarbatives à la religion. En les côtoyant, nous mesurons à quel point, au-delà des apparences, ils sont habités par un désir spirituel profond et inaltérable, même si l’accès à leur âme est obstrué de mille manière. L’amour sincère et gratuit qu’on leur manifeste les ouvre progressivement à la rencontre du Tout Autre.