Jamais je n’avais vu mon pays si beau! La manifestation de ce 22 avril à Montréal a été pour moi une révélation. Ah! Qu’elle était belle la fierté de mon peuple! Sa dignité aussi.
J’ai vu des Québécois convaincus, pacifiques, justement révoltés, créatifs et joyeux. Quelle magnifique liberté! Quelle exemplaire révolution! Messieurs qui vous étiez proclamés gagnants aux Plaines d’Abraham, j’ai le regret (… mais pas tant que ça!) de vous annoncer que vous avez perdu la guerre : le peuple que vous pensiez avoir vaincu a célébré sa victoire le 22 avril au pied du Mont Royal. Et j’affirme haut et fort que, plus jamais, vous ne vous bercerez de l’illusion du succès. Une fracassante défaite vous pend au bout du nez Mesdames et Messieurs les capitalistes irrévérencieux. Les défricheurs de mon pays sont venus chercher ici la liberté et la paix. Vous, colonisateurs, ce sont les richesses de nos contrées qui vous faisaient (et qui vous font encore) baver d’envie! Vos aspirations étaient basses; les nôtres ont vaincu! Justice.
Vous n’empêcherez pas l’âme de nos jeunes de chanter! Et leur chant vous a fait perdre la face, gouvernants et possédants (dévoilant vos pitoyables motifs). Comme je vous bénis, jeunes du Québec, pour votre intégrité remarquable! Élèves, vous êtes nos professeurs! Enseignez-nous encore à nous tenir debout… à nous qui avons l’immense fierté de vous avoir donné le sein, et d’avoir soutenu l’hésitation de vos premiers pas. Vous êtes le fruit de la sueur de nos pionniers… et du sang de nos insurgés. Relevez vos têtes et soyez fiers de qui vous êtes! Heureux, vous qui faites œuvre de paix et de justice! (Et merci à ceux qui, parmi les médias et les leaders, ne se laissent pas bâillonner par ceux qui détiennent le pouvoir!)
Ceux qui sont de la race des prétendus vainqueurs cherchent encore à tuer : leurs armes sont la moquerie, l’arrogance et le mépris (M. Charest est maître d’arme en cette catégorie). Mais quand on leur oppose le sourire confiant d’un jeune en grève, la révolte tranquille d’un marcheur qui manifeste, la démocratique et solidaire sagesse des jeunes représentants des associations étudiantes qui refusent avec raison de se laisser museler, je l’affirme : les gagnants sont dans la rue! Ceux de l’autre camp ont été pesés, jaugés, et annihilés : ils ne pourront plus mentir à nos enfants, ils ont dévoilé au grand jour leurs méprisables desseins et devront en porter l’odieux devant l’accusation de leur conscience (qui tôt ou tard, les rattrapera). Ils répondront de l’humiliation qu’ils font peser sur nos jeunes et des souffrances et vexations qu’ils leur font subir. Ils sont sots, ceux qui s’imaginent, par la répression, venir à bout du Bien, et, par le mensonge, faire taire la Vérité! Tous les régimes de ce genre ont connu leur Waterloo, et celui de M. Charest approche! Préparons cette fête!
Le 22 avril, j’ai vu des jeunes familles marcher, avec des petits enfants magnifiques, joyeux, libres et aimés, des petits enfants tels que je n’en ai vu nulle part ailleurs sur cette planète. Oui ils sont rois, nos enfants; mais de la royauté que leur confère leur native noblesse : ils sont nés d’un peuple qui croit que le bonheur familial prime sur l’avoir et le succès professionnel, qui croit en l’égale dignité de l’homme et de la femme. Voilà ce qui confère à nos enfants leur royale majesté : ils sont nés de l’amour, de l’amour LIBÉRÉ et RESPONSABLE. Oui, M. Ignatiev, nous serons souverains (Merci de l’avoir annoncé à ceux qui ne voient pas encore clair!). Le Québec a un rôle de leadership mondial à jouer, afin de permettre à tous les peuples d’entrer dans ce bonheur d’être qui est le nôtre. Le Québec se doit (et leur doit) d’être un pays. Il a le devoir de se libérer de ceux qui l’empêchent de rayonner, d’illuminer comme un phare jusqu’aux confins de la terre.
Johane Filiatrault