Travail de missiologie – Par Jean Beauchemin et Johane Filiatrault, le 15 décembre 2007
1. Exprimez comment l’Église catholique conçoit le dialogue avec les non-chrétiens
L’Église catholique reconnaît la valeur et les richesses humaines et spirituelles des autres religions, tout autant que leurs lacunes, erreurs et insuffisances. Bien qu’elle considère hautement tout ce qui est vrai et saint dans les autres traditions religieuses, elle se sent le devoir de proclamer le Christ et d’appeler à la foi et au baptême. Elle se sent être la voie ordinaire du salut, possédant seule la plénitude des moyens du salut.
Inspirée par un profond respect envers tout ce que l’Esprit de vérité opère en l’homme et par le désir de découvrir ces semences de vérité chez tout être humain, elle considère comme un défi stimulant d’entrer en dialogue avec les autres religions. Ce dialogue est une source d’enrichissement mutuel et permet à l’Église d’approfondir son identité propre et de rendre compte de la Révélation qui lui est confiée.
Ce dialogue doit être conduit dans un esprit d’humilité et de loyauté, avec cohérence et ouverture, conscients de l’enrichissement mutuel qu’il peut susciter. Il doit chercher à éviter le piège de perdre sa propre identité pour faire la paix à tout prix et tomber finalement dans le compromis. D’autres écueils possibles à surmonter: les préjugés, l’intolérance et les malentendus. S’il se fait dans un esprit de docilité à l’Esprit Saint, les fruits de ces échanges sont la purification et la conversion intérieure.
Le dialogue interreligieux est bien sûr l’affaire des experts des religions et des représentants officiels de celles-ci, mais appartient également aux laïcs dans l’existence quotidienne et le dialogue de vie ainsi que dans l’entraide mutuelle humaine et spirituelle afin d’édifier ensemble un monde meilleur.
Tous les chrétiens sont appelés à pratiquer ce dialogue: par l’exemple de leur vie et par leur action, ils peuvent améliorer les relations entre croyants des différentes religions.
Les fruits de ce dialogue ne sont pas toujours immédiatement visibles et palpables. Mais même s’il est difficile de trouver une oreille ou des interlocuteurs intéressés au dialogue, les fidèles sont invités à persévérer dans l’ouverture à la rencontre interreligieuse.
2. Identifiez les questions non réglées, les contradictions éventuelles et les insuffisances
Voici ce que nous avons identifié comme écueils au dialogue interreligieux.
-Malgré l’effort œcuménique actuel, les chrétiens en terre chrétienne restent divisés et subdivisés, en désaccord sur des points de morale et de dogme; dans ce contexte, il est difficile pour eux d’être crédibles auprès des autres religions. L’attitude intransigeante et réactionnaire de la papauté actuelle ne va pas favoriser l’unité des chrétiens.
-En Amérique du Sud, les Églises protestantes sont en pleine expansion, étant plus allumées, plus incarnées et plus proches des gens. Les communautés religieuses et le clergé catholiques ont moins d’impact dans leur témoignage auprès du peuple parce qu’ils ont tendance à vivre en vase clos, dans un mode de vie étranger à celui de leurs contemporains (célibat). Si le célibat des consacrés devient un obstacle au témoignage chrétien, il devrait être rendu non obligatoire, comme on l’a vu dans les Églises orientales catholiques.
-À partir du moment où le témoin arrive dans l’intention de convaincre l’autre, il reste toujours une part à purifier dans l’attitude humaine. Puisque l’être humain est rarement vraiment libre de toute attache au mal, il arrive souvent qu’un relent d’instinct de supériorité crée un malaise chez l’autre et provoque le rejet du message comme du messager.
-Une ambiguïté majeure reste le fait d’identifier spontanément Église et institution visible, catholique ou autre; nous en trouvons un exemple dans la phrase suivante: « …en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (…), nous a confirmé en même temps la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême. Le dialogue doit être conduit et mis en œuvre dans la conviction que l’Église est la voie ordinaire du salut et qu’elle seule possède la plénitude des moyens du salut ». L’Église dans laquelle on entre n’est t’elle pas plutôt cette vie de communion spirituelle avec les saints (de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance) et les frères et sœurs chrétiens de toutes dénominations, communion consolante et gratifiante dans la mesure où on se sent faire parti du peuple de Dieu, intégrés à une descendance spirituelle sainte, bénéficiant de l’incommensurable richesse transmise d’une génération à l’autre dans la famille des croyants (de toute allégeance religieuse), héritage familial sans prix? Tant que chaque croyant reste trop attaché à la branche qui l’a nourri (une ou l’autre institution), il manque de recul pour apercevoir le tronc commun de leur expérience spirituelle à tous : l’Esprit Saint, ruah, qui distille sa sève à tous ceux qui veulent bien la recevoir, à tous ceux qui se connectent à sa source, dans la mesure des capacités de chacun, quelle que soit la pureté du canal de réception. Un liquide peut arriver à circuler même dans un conduit partiellement obstrué!