Par Johane Filiatrault – le 2 mai 2003
Être mère, c’est prêter son corps à un autre pour qu’il s’y abrite et s’en nourrisse. Te voici tente et refuge qui se déploie petit à petit pour qu’il y trouve son espace à mesure qu’il grandit.
La maternité est le plus grand cadeau que peut recevoir une femme… à condition que l’homme qui le lui a fait reçoive cette femme-mère comme un cadeau. Il y a tant d’étroitesse de cœur dans notre monde moderne! Si on arrêtait de compter (notre temps et notre argent) et si on commençait à donner, que de joie il y aurait dans les familles! Une femme épanouie, un homme fier d’elle et de sa progéniture, des enfants remplis de vie : le bonheur est si simple! Il est toujours triste de voir des conjoints se critiquer sévèrement l’un l’autre (devant leurs enfants) ou se «renoter» leurs erreurs passées. Que le plus aimant des deux fasse le premier pas et dise à l’autre un mot gentil, une remarque obligeante, et toute l’atmosphère de la maison s’en trouvera transformée : c’est si simple, le bonheur! Amour… et pardon puisque le (la) conjoint(e) parfait(e), ça n’existe pas. Un couple uni, un homme et une femme qui s’aime, voilà tout ce qui est nécessaire pour l’équilibre affectif d’un enfant.
Être mère, c’est conduire son enfant à son père. Trop de mères surprotègent leur enfant et se l’accaparent, consciemment ou non. Elles l’éloignent ainsi du père; soit en critiquant celui-ci devant l’enfant, soit en empêchant le père d’intervenir auprès de l’enfant fautif sous prétexte qu’il est trop sévère ou trop exigeant : rien n’est plus destructeur pour l’enfant et la famille. (La mère a naturellement tendance à excuser son enfant, et plus elle accentue cette tendance, plus le père aura tendance à être sévère pour compenser). L’enfant a autant besoin de l’autorité ferme et exigeante d’un père que de la souple tendresse d’une mère (ou vice et versa car il y a des couples où les rôles sont sainement inversés). Travailler à détacher le petit d’elle et l’aider à s’attacher à son père est un grand défi pour toute mère, nécessaire pour la croissance de l’enfant. Laissez le père être un père : aidez-le à devenir tendre; il vous aidera à devenir ferme.
Être mère… c’est parfois faire mourir son enfant dans son sein, parce qu’on ne sent pas auprès de soi un homme solide et bon sur qui prendre appui, en qui puiser la force d’enfanter. Être mère sans un père, quelle terrible déchirure! Inutile de chercher lequel des deux est plus coupable : l’amour manque. Aimons!
Être mère, c’est d’abord ouvrir son être à un homme, son corps comme son cœur, se donner et faire confiance à cet autre, différent; l’aimer beaucoup et faire sa joie, et travailler à son bonheur. Et puis, du nid d’amour construit en ces deux cœurs liés viendra la vie, et la tente qui s’élargit pour lui donner l’abri. Être mère, c’est être aimée d’un homme, au point que sa vie se mélange à la tienne et que, dans tes entrailles, elle prenne forme.